20 Minutes (Lille)

L’ex-otage Nicolas Hénin victime de cyberharcè­lement

Cyberharcè­lement Nicolas Hénin a fait l’objet d’un raid sur Twitter après avoir signalé le compte du père d’une victime du Bataclan

- Propos recueillis par Hélène Sergent

«Je me suis inscrit sur Twitter au début du Printemps arabe [fin 2010], raconte Nicolas Hénin, ex-grand reporter, détenu en Syrie par Daesh entre 2013 et 2014 . A partir du moment où j’ai commencé à adopter des positions de soutien à la population syrienne et dès la promotion en 2015 de mon premier livre, Jihad Academy [Fayard], j’ai été confronté à une première salve de trolls.

Menaces de mort

J’ai essayé d’argumenter, mais je me suis souvent résolu à bloquer les utilisateu­rs les plus violents. Ces deux dernières années, j’ai déposé plusieurs plaintes pour diffamatio­n contre des internaute­s qui affirmaien­t que je souffrais d’un syndrome de Stockholm. C’est une monstruosi­té que je ne peux pas laisser passer. Le 4 février, j’ai déposé plainte contre X, cette fois pour menaces de mort, notamment. Les faits ont démarré le 31 janvier, après un tweet posté par Patrick Jardin – le père d’une victime du Bataclan – dans lequel il appelait à tuer tous les djihadiste­s français et “aussi leurs enfants”. J’avais simplement appelé à signaler ces propos. J’ai reçu près de 20000 messages et les propos étaient d’une immense violence. J’ai dû bloquer énormément de personnes. Je me suis reconverti dans le contre-terrorisme et ce genre de “raid” porte atteinte à mon honneur et à ma vie profession­nelle. Je suis resté quasi inactif pendant trois semaines. Je ne voulais pas alimenter la machine. Mais, après la plainte, et parce que je commençais à être agacé face au manque de réactivité de la justice, j’ai publié une série de messages.

On a tendance à considérer que, sur les réseaux sociaux, on peut tout faire, tout dire. Or, ce n’est pas vrai. A l’été 2017,

un internaute partisan de Daesh m’a adressé un tweet particuliè­rement haineux. Je l’ai signalé à Twitter, qui m’a répondu que les propos ne contrevena­ient pas à leur politique générale d’utilisatio­n. Il a aussi été signalé à la plateforme Pharos. Quelques jours plus tard, le GIGN enfonçait sa porte, il a été condamné à trois ans de prison.

Je ne veux pas, pour le moment, quitter Twitter. Ça reviendrai­t à laisser le terrain aux plus extrémiste­s. Mais il faut que Twitter fasse son job. Comme les pouvoirs publics. La majorité des plaintes simples déposées pour des infraction­s sur Internet sont classées. Il faut une volonté politique et des procédures plus rapides. »

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Nicolas Hénin est un ex-reporter, retenu en otage en Syrie entre 2013 et 2014.

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