Pas easy la sortie
Une série de votes au Parlement pourrait décider, cette semaine, du sort du Royaume-Uni dans l’Union européenne. Mais la Première ministre, Theresa May, n’exclut pas non plus un report de la date de sortie.
Une nouvelle semaine cruciale pour les Européens et les Britanniques, à dixneuf jours du Brexit. Mardi, au plus tard, la Première ministre du Royaume-Uni, Theresa May, doit soumettre un nouvel accord de retrait au vote du Parlement britannique.
Si le plan est validé – ce qui semble peu probable, puisque les députés l’ont rejeté il y a deux mois –, cela enclenchera le début d’une période de transition jusqu’au 31 décembre 2020, pendant laquelle les Britanniques continueront d’appliquer les règles européennes et d’en bénéficier, sans être officiellement un Etat membre de l’UE. Ils verseront leur contribution financière, mais sans siéger dans les institutions ni participer aux décisions. Cette transition pourrait être prolongée une seule fois, et d’un commun accord avec l’UE, jusqu’à fin 2022 au maximum. Si les députés rejettent à nouveau l’accord de sortie, Theresa May a prévu de demander un deuxième vote, dès mercredi. Mais, cette fois, les parlementaires devront se prononcer sur un «no deal», autrement dit une sortie sèche, sans accord, dès le 29 mars. Ce scénario est redouté par de nombreuses entreprises britanniques, très dépendantes des importations.
Une dernière carte à jouer
Du côté des politiques, «les partisans d’un Brexit “dur” préféreraient un “no deal”, décrypte Christian Lequesne, professeur à Sciences po et spécialiste de politique européenne. Cela leur permettrait de dramatiser la sortie et de montrer l’intransigeance de l’UE vis-à-vis de leur pays.» «Il n’y aura pas de majorité au Parlement pour un “no deal”, affirme de son côté Anand Menon, professeur à l’université King’s College et directeur du centre de recherche UK in a Changing Europe. Theresa May se sert de ce vote pour montrer qu’un accord reste la meilleure solution. »
Si les deux premiers votes de cette semaine sont négatifs, le gouvernement britannique abattra sa dernière carte, en demandant au Parlement de reporter la sortie de l’UE pour poursuivre les négociations. Theresa May a évoqué une extension « courte et limitée », vraisemblablement jusqu’au mois de juin et pas au-delà. «Le nouveau Parlement européen qui aura été élu en mai, sans le Royaume-Uni, commencera ses travaux en juillet, explique Christian Lequesne. Il n’est donc pas question que les Britanniques soient toujours présents à ce moment-là. » Le problème, c’est que cette extension des négociations, sous réserve d’être approuvée par les 27 pays de l’UE, risque d’être peu productive. «Un nouveau délai ne résoudra rien, avance Anand Menon. Au contraire, cela va coûter énormément à l’économie du Royaume-Uni, puisque les entreprises vont repousser leurs investissements, et les consommateurs vont préférer épargner, en attendant d’en savoir plus.» Pour l’universitaire, cela risque même de saper encore un peu plus la confiance des citoyens envers leurs élus.