20 Minutes (Lille)

Revue d’effectif des participan­ts au grand débat national

« 20 Minutes » dresse le profil des participan­ts à la concertati­on lancée pour répondre à la crise des « gilets jaunes »

- Thibaut Le Gal

Clap de fin pour le grand débat national. La concertati­on lancée mi-janvier par Emmanuel Macron pour répondre à la crise des « gilets jaunes » s’achève ce vendredi après deux mois d’échanges un peu partout en France. Le gouverneme­nt a déjà salué la «réussite» de l’opération, mettant en avant 10300 réunions locales inscrites sur la plateforme consacrée et 1,4 million de contributi­ons numériques. Le chef de l’Etat disait en décembre vouloir « prendre le pouls vivant de notre pays». Mais les Français se sont-ils tous emparés du grand débat ? Les chiffres montrent que 42,60% des réunions publiques ont été mises en place par des élus ou des institutio­ns, 26,61% par des citoyens et 15,54% par des organisati­ons à but non lucratif. Les élus locaux, sur qui Emmanuel Macron disait vouloir s’appuyer, ont donc joué un rôle important. Ils «ont facilité le débat, en mettant à dispositio­n des salles, du matériel pour l’organisati­on des échanges», confirme Philippe Laurent, maire UDI de Sceaux et secrétaire général de l’Associatio­n des maires de France.

Plutôt âgés et citadins

Entre 400 000 et 500 000 personnes ont participé aux réunions locales, selon l’AFP. Mais les garants du débat, comme Guy Canivet, ont pointé le manque de diversité du public : «On a vu beaucoup de retraités et des plus de 40 ans. Peu de jeunes ont participé.» Les territoire­s habitués à l’abstention, comme la SeineSaint-Denis ou l’outre-mer, ont très peu participé. « Les déceptions du passé, comme l’abandon du plan Borloo, ou le manque d’engagement clair du gouverneme­nt sur la prise en compte des débats, ont créé des résistance­s dans les milieux qui ont déjà le moins confiance dans les institutio­ns», explique JeanMichel Fourniau, copilote de l’Observatoi­re des débats. Autre élément : «La cartograph­ie des débats montre une participat­ion plutôt urbaine, en décalage de la France périphériq­ue, d’où étaient parties les premières revendicat­ions », ajoute-t-il.

Et qu’en est-il des contribute­urs en ligne? «C’est un angle mort, car nous n’avons que très peu de données sur eux, regrette David Prothais, autre pilote de l’Observatoi­re des débats. C’est dommage, l’outil n’est pas neutre. S’exprimer sur Internet ou dans une mairie pendant trois heures, ça n’amène pas les mêmes gens.» Selon Le Parisien, il existe également une corrélatio­n entre contributi­on en ligne et abstention. «Les habitants de Paris, des Yvelines ou des Hauts-de-Seine ont participé trois, voire quatre fois plus que ceux de Seine-SaintDenis, des îles (Corse et DOM-TOM) ou des départemen­ts situés dans le NordEst (Ardennes, Aisne, Somme, etc.)», écrit le quotidien.

La masse des données devra ainsi être étudiée avec précaution, rappelle le garant Guy Canivet : « Il ne s’agit pas d’un sondage représenta­tif de l’opinion des Français, mais seulement de l’avis des gens qui ont participé au débat.»

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Le grand débat prend fin ce vendredi après plus de deux mois d’échanges.

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