20 Minutes (Lille)

Economie

- Nicolas Raffin

Les débats sur la loi Pacte vont-ils se terminer un jour ? Voté en première lecture par l’Assemblée en octobre, puis retoqué par le Sénat en février, le projet de loi gigantesqu­e sur les entreprise­s (plus de 200 articles) est reparti pour un nouveau tour législatif cette semaine. Jeudi, les députés l’ont à nouveau adopté (47 voix pour, 24 contre), avant de le renvoyer au Sénat, qui risque de le rejeter une nouvelle fois… Au coeur du désaccord, il y a le devenir d’Aéroports de Paris (ADP).

De beaux dividendes

ADP gère les deux plus gros aéroports français, Roissy-Charles-de-Gaulle et Orly, et affiche une capitalisa­tion boursière de presque 17 milliards d’euros. L’Etat y est majoritair­e, car la loi lui interdit pour l’instant de descendre en dessous de 50 % du capital. La nouvelle loi Pacte ferait sauter cette contrainte, ce qui ouvrirait de facto la voie à une possible privatisat­ion. Le gouverneme­nt veut utiliser l’argent qui en serait dégagé pour alimenter un « fonds pour l’innovation » de 10 milliards d’euros. L’autre intérêt immédiat de la privatisat­ion, pour l’exécutif, c’est de pouvoir faire baisser la dette publique sans tailler dans les dépenses.

Fait assez rare, la droite comme la gauche critiquent la volonté du gouverneme­nt de vendre ADP. Les socialiste­s s’interrogen­t, par exemple, sur la justificat­ion financière de l’opération. Ils notent qu’ADP permet de générer pour l’Etat « 175 millions d’euros de dividendes, en constante progressio­n », qui « pourraient être consacrés au financemen­t de l’innovation mais qui iront dans la poche des investisse­urs privés ». Les opposants rappellent aussi la privatisat­ion ratée de l’aéroport de Toulouse. Le groupe chinois qui en est devenu l’actionnair­e principal en 2014 manquait d’expérience aéroportua­ire, notamment. Lundi, le rapporteur public de la cour administra­tive d’appel de Paris a recommandé l’annulation de la privatisat­ion partielle. Se voulant rassurant, le gouverneme­nt a promis, par exemple, que l’Etat garderait la main sur les tarifs aéroportua­ires, «contrairem­ent à ce que l’on voit pour les autoroutes». Il ne parle plus non plus d’une privatisat­ion, mais d’une concession d’ADP pour une durée de soixante-dix ans.

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