20 Minutes (Lille)

Des militants font part de leurs remords au tribunal

Les quatre militants, accusés de dégradatio­ns, ont exprimé des remords

- Durand

Quatre militants antispécis­tes, âgés de 24 à 40 ans, comparaiss­aient, mardi, devant le tribunal correction­nel de Lille, pour 15 faits de « dégradatio­n volontaire, commise en réunion, du bien d’autrui », en l’occurrence des restaurant­s, des boucheries et d’autres commerces, entre novembre et février. Une première audience en comparutio­n immédiate avait été renvoyée en février. Mathilde B. et Cyril B., inconnus jusqu’alors des services de police, avaient été placés en détention provisoire dans l’attente du procès, avant d’être remis en liberté, la semaine dernière. L’identifica­tion des deux voitures utilisées avait permis aux policiers de remonter jusqu’au couple. L’analyse des appels téléphoniq­ues va ensuite confirmer les liens entre les deux militants de la cause animale. Tous deux éteignaien­t notamment leur portable avant que les faits soient commis. A la barre, les silhouette­s frêles des prévenus tranchent avec l’importance des dégâts de certaines des actions. Pendant deux mois, la violence va aller crescendo et se propager dans plusieurs villes, entre Dunkerque et la métropole lilloise, jusqu’à confection­ner des cocktails Molotov pour incendier le restaurant Le Fer à cheval à Roubaix, pour la seconde fois. «Jusqu’où seriez-vous allés?», demande la juge. « On s’attaque à des enseignes, pas à des personnes. On veut rendre visible notre cause», avoue Cyril B., cheveux courts et front dégarni. «Que se serait-il passé s’ils n’avaient pas été interpellé­s ? Comment peut-on avoir autant d’empathie pour les animaux et aussi peu pour les victimes ? », estime Me Damien Legrand, avocat du syndicat Bouchers du Nord. « Je voulais faire entendre la voix des antispécis­tes. Depuis le temps que je milite, je me sentais incomprise », souligne Mathilde B., mal à l’aise à la barre. Chignon roux un peu lâche, elle confirme avoir participé avec Cyril B. à plusieurs équipées nocturnes. Deux autres jeunes femmes sont accusées de complicité. L’une assume sa participat­ion, pas l’autre.

Décision le 8 avril

« On faisait ça de manière spontanée, un peu dans la précipitat­ion, assure Cyril B., médiateur social. Il n’était pas question d’atteindre l’intégrité physique de quiconque. » Après dix jours de grève de la faim en prison, il assure avoir pris conscience de ses actes. «Je militerai autrement. Je ne recommence­rai pas», dit-il. Sa compagne a travaillé dans une crèche. En pleurs, elle explique avoir « pensé pouvoir surmonter la prison ». Le procureur a requis dixhuit mois, dont huit avec sursis, pour Cyril, et quinze mois, dont neuf avec sursis, pour Mathilde. La décision est attendue pour le 8 avril.Gilles

«Il n’était pas question d’atteindre l’intégrité physique de quiconque. » Cyril B., prévenu

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Plusieurs boutiques avaient été brisées et taguées en janvier.

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