En mal de reconnaissance, des milliers de pompiers réclament plus d’effectifs
Pompiers Des milliers de soldats du feu ont défilé à Paris pour dénoncer, entre autres, le manque d’effectifs
«Attention, ça va péter!» prévient un pompier avant l’arrivée d’un chariot de pétards poussé par trois de ses collègues. Quelques secondes plus tard, un bruit de bombe retentit sous les acclamations de la foule. Venus de toute la France, entre 5 000 et 10 000 soldats du feu, selon les syndicats, ont défilé dans le plus grand des vacarmes, mardi, à Paris. Au centre de leur colère, le manque d’effectifs face à l’explosion dénoncée des demandes de secours, mais aussi un manque de reconnaissance. Reconnaissance, notamment, du fait que la profession de pompiers est bien un « métier à risque ».
Des risques démultipliés
«La prime de risque [de feu] n’a pas augmenté depuis 1990 [elle stagne à 19% de leur salaire brut], peste Frédéric, pompier dans l’Aisne. Nous voulons qu’elle soit alignée sur la prime des policiers ou des égoutiers, soit à 28 % de notre salaire brut. » En août 2004, la loi de la modernisation de la Sécurité civile a reconnu le «caractère dangereux» de la profession de pompier. Sans pour autant lui accorder un coup de pouce financier. Cette loi « était uniquement sur de l’organisationnel, poursuit Frédéric. Pour les assurances ou les mutuelles, notre profession est bien “à risque” et nous payons un malus pour acheter une voiture, par exemple.»
En parallèle, les conditions de travail se durcissent : «Nous sommes exposés à des fumées toxiques ou à des produits nocifs. Là, vous voyez qu’il y a beaucoup de fumée, et c’est difficilement supportable. Mais, dans un incendie, c’est bien pire», avertit Guillaume Anglada, représentant du syndicat autonome des pompiers de la Drôme. Fabrice Perrin, président du syndicat autonome Spasdis-CFTC, abonde, évoquant les feux dans des régions qui étaient épargnées jusqu’alors, ce qui multiplie, là aussi, les risques : «Nous sommes aussi des victimes du réchauffement climatique. Et le seul argument que nous oppose le gouvernement est le budget.»
Les pompiers sont payés par les collectivités territoriales, mairies et départements en tête. «Quand elles dépassent de 1,2% leur masse salariale, elles reçoivent une pénalité de l’Etat, explique Guillaume Anglada. C’est donc à l’Etat de donner plus.» La rencontre prévue mardi après-midi entre une délégation intersyndicale de pompiers et le ministère de l’Intérieur a tourné court. Une réunion à propos des retraites pourrait avoir lieu le 6 novembre, indique Guillaume Anglada. Et de déplorer : «C’est du mépris, il n’y a pas d’autres mots. »