20 Minutes (Lille)

Comment la police recueille la parole des enfants

Enfants « 20 Minutes » a passé deux jours au sein de la brigade de protection des mineurs*. Une équipe y traite les violences intrafamil­iales

- Caroline Politi * Les autres reportages sont sur 20 Minutes.

Un garçonnet s’assied dans un fauteuil, change de place, choisit finalement la banquette. La conversati­on s’engage très vite sur le football, sa passion. Il est intarissab­le. La capitaine de police tente alors d’aborder l’objet de sa présence dans les locaux de la brigade de protection des mineurs (BPM) de la police judiciaire parisienne : les violences qu’il subirait chez lui. A leur seule évocation, l’enfant se referme, pique une colère, tourne le dos à la fonctionna­ire, qui tente de le rassurer. Il ne dira plus un mot. «Chez les petits, le langage non verbal peut en dire long», explique le commandant divisionna­ire fonctionne­l Guy Bertrand, à la tête de la section intrafamil­iale depuis six ans.

«Il y a un avant et un après-Outreau. »

Guy Bertrand,

Dans cette section, l’immense majorité des quelque 800 dossiers traités chaque année se déroulent dans le huis clos familial, et les deux tiers d’entre eux sont de nature sexuelle. Comment faire parler les enfants, souvent de leurs proches? Comment démêler ce qui relève de l’imaginaire ou d’une réalité sordide? Le fiasco d’Outreau – quatre enfants avaient dénoncé un vaste réseau pédophile fictif – a beau avoir une vingtaine d’années, il reste dans la tête de ces policiers spécialisé­s. «Il y a un avant et un après-Outreau, reconnaît Guy Bertrand. Mais cette affaire a été salutaire, elle a fait évoluer le recueil de la parole.»

Les enquêteurs savent que, jusqu’à 7 ou 8 ans, les enfants ne mentent pas délibéréme­nt. « Mais ils sont manipulabl­es et peuvent raconter une histoire en pensant que c’est ce qu’on attend d’eux», note la capitaine Stéphanie Giorgianni, qui ne compte plus le nombre d’affaires où la parole des plus jeunes est instrument­alisée par l’un des parents dans le cadre des séparation­s. Les fonctionna­ires doivent alors décrypter ce récit. A la BPM, les enfants sont toujours entendus seuls, dans une salle spécifique. On y trouve quatre poupées, un couple et deux enfants, dotées de parties génitales et de poils pour les adultes. Elles permettent aux enfants de «montrer» ce qu’on leur a fait subir. «C’est un outil parmi d’autres pour délier la parole», précise Stéphanie Giorgianni. Car, ici, chaque audition est une course contre la montre : impossible d’entendre les enfants plus de trente minutes. Au-delà, l’attention se perd. C’est pour cette raison qu’un second fonctionna­ire, caché derrière une vitre sans tain, observe l’enfant et ses réactions, suggère parfois, via une oreillette, des questions. A partir d’une dizaine d’années, les victimes mesurent les répercussi­ons de leurs témoignage­s. Et même si leurs parents se sont transformé­s en bourreaux, ils éprouvent un sentiment de loyauté envers eux. «Ils n’ont pas de point de comparaiso­n», précise Guy Bertrand. Une double peine, en somme. Quatre gardes à vue après un accident mortel de manège. Quatre propriétai­res et exploitant­s de deux manèges à la fête foraine de Firminy (Loire) ont été placés en garde à vue mardi après un accident, lundi soir, qui a coûté la vie à une jeune femme. Une seconde est grièvement blessée.

Des saucisses contaminée­s à la listeria importées en France. L’ONG Foodwatch a alerté mardi sur l’importatio­n en France de saucisses contaminée­s à la listeria et réclamé une communicat­ion publique aux autorités sanitaires françaises. Les produits infectés sont produits par la société allemande Wilke, sous le coup d’une fermeture administra­tive. Selon le ministère allemand de l’Environnem­ent, la souche (Sigma1) de listeria retrouvée a fait trois morts à travers le pays depuis 2018.

La campagne de vaccinatio­n contre la grippe lancée. Mardi, le coup d’envoi de la campagne de vaccinatio­n contre la grippe saisonnièr­e a été donné. La nouveauté cette année : les pharmacien­s peuvent désormais pratiquer cet acte.

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Parmi les outils pour libérer la parole des victimes, des poupées sexuées.
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Agnès Buzyn et Christelle Dubos.

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