La répartition de la manne de la taxe de séjour fait débat
La plate-forme annonce avoir payé 1,1 million d’euros de taxe de séjour en 2019 dans la région, avec des disparités locales
Le business de la nuitée a de l’avenir. Airbnb vient d’annoncer avoir reversé plus de 58 millions d’euros de taxe de séjour, récoltés en France sur les dix premiers mois de l’année 2019. Dont 1,1 million d’euros pour la région des Hauts-de-France, où Nord et Pas-de-Calais (619 200 € et 345 000 €) raflent la mise, loin devant l’Oise (64 600 €), la Somme (61 000 €) et l’Aisne (34 600 €).
La timbale est décrochée par la métropole de Lille. A elle seule, elle empoche 520 000 €, soit 46,2 % de la taxe de séjour régionale…
De l’argent « bloqué »
Une manne financière « affectée au financement des offices de tourisme et / ou aux dépenses destinées à favoriser la fréquentation touristique », indique une délibération de l’intercommunalité datant de 2015. Car, après un transit par les caisses des impôts, ce sont bien les communautés de communes qui récupèrent la taxe de séjour récoltée par Airbnb. Les petites communes tirent leur épingle du jeu mais ne touchent plus rien directement. Comme Wissant (Pas-de-Calais) – moins de 956 habitants et 5 900 € au compteur de janvier à octobre – qui doit partager le magot avec ses voisins. La répartition est effectuée par l’intercommunalité concernée. Normalement. Car, pour la Terre des deux caps, il y a un hic. D’après la directrice de l’office de tourisme, Sophie Jonquet, « l’argent est en attente, bloqué sur un compte du Trésor public avec impossibilité de le percevoir ». Contactés à ce sujet, les services concernés ne nous ont pas encore apporté de réponse.
Sophie Jonquet va plus loin : « Il y a ces sommes, annoncées, mais la moralité, c’est qu’on ne touchera rien en 2019. Et les dindons de la farce sont les vacanciers. » Pour elle, « la taxe de séjour est parfois payée deux fois ». Une première fois par le loueur et une seconde fois par la plateforme, à cause des modalités de perception. Les loueurs peuvent récolter la taxe au forfait, l’englobant dans un prix moyen, et Airbnb récupérer la taxe réelle, à la nuitée payée. Pour accéder au pactole, comme les autres, la communauté de communes de la côte d’Opale est passée début 2020 à la taxe de séjour réelle. D’autres profitent déjà des bienfaits directs du tourisme. Depuis 2013, le département du Nord a fait de choix d’instituer une taxe additionnelle à la taxe de séjour (10 %), un procédé tout à fait légal. En 2019, elle lui a rapporté 524 106 €.