20 Minutes (Lille)

Cent ans de souvenirs des Polonais de la région

Enseignant­echercheus­e, Monika Salmon-Siama s’est plongée sur les traces de ces immigrés

- Propos recueillis par Gilles Durand

Pour célébrer le centenaire du début de l’arrivée massive de Polonais dans les mines nordistes, le Louvre-Lens a monté deux exposition­s*. En février, sortira Cent objets (ou plus) pour cent ans de présence polonaise dans le nord de la France. 20 Minutes a interrogé son autrice, Monika Salmon-Siama.

Comment vous êtes-vous intéressée à l’immigratio­n polonaise ?

Je suis née en Pologne et je suis arrivée en France il y a vingt ans pour finir mes études. J’ai noué des contacts avec les descendant­s de la communauté polonaise du Nord-Pas-de-Calais et je me suis intéressée aux traces qu’ont laissées les nombreuses activités culturelle­s de ces émigrés.

Que reste-il de cette culture ?

Les jeunes génération­s ont oublié. La vie associativ­e foisonnant­e, dans l’entre-deux-guerres et après 1945, avait un sens, pour maintenir un lien avec la patrie. Avec la disparitio­n du rideau de fer qui isolait les pays de l’est de l’Europe, ce besoin d’identifica­tion n’est plus nécessaire.

Comment avez-vous travaillé ?

J’ai consulté des archives photograph­iques privées, notamment autour de l’oeuvre de Kasimir Zgorecki. Pendant cinq ans, j’ai côtoyé des familles. Il reste de nombreux objets rangés dans les malles ou les meubles.

Que va-t-on trouver dans votre livre ?

C’est une sorte d’album souvenir. J’ai découvert un peigne à moustache d’un grand-père qui avait servi dans l’armée prussienne. Une dame m’a montré un chemisier blanc de sa grand-mère qui le mettait, bien repassé, chaque dimanche. Je n’oublie pas les instrument­s de musique indispensa­bles pour les mariages : le bandonéon et le violon. Mais quasiment toujours, on retrouve le premier contrat de travail, le passeport, le livret de famille… Tout ça a traversé les génération­s.

* L’exposition « Pologne 1840-1918, Peindre l’âme d’une nation » se termine lundi, à 18 h. Accès gratuit dès samedi. L’exposition de photos sur Kasimir Zgorecki se termine le 30 mars.

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Monika Salmon-Siama a écrit plusieurs livres sur la « polonité ».

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