Le puissant silence du tournage
Pour sa cinquième saison, la «Skam Family» a travaillé avec deux comédiens sourds
« Ça a été un choc ! », selon Robin Migné, l’interprète d’Arthur. Le tournage de la cinquième saison de Skam France, diffusée sur France TV Slash, qui suit le destin d’Arthur, un adolescent confronté à l’apparition d’une «surdité brusque», ne s’est pas déroulé comme les autres.
« J’ai découvert une pièce où se trouvent cent personnes et où personne ne parle. »
Maxence Danet-Fauvel, interprète d’Elliot
D’abord parce que cette saison est une création 100 % originale, puisque le format d’origine norvégien s’est arrêté au bout de sa 4e saison. Mais aussi parce qu’elle intègre deux personnages sourds, Noée et Camille, joués par Winona Guyon et Lucas Wild, deux comédiens eux-mêmes sourds. « Au départ, le thème de la surdité m’a effrayé, très honnêtement, parce que je ne connaissais pas du tout », confie Robin Migné. Pour appréhender ce monde, l’acteur a suivi une formation de 35 h en langue des signes à l’International Visual Theatre (IVT), association et laboratoire de recherches artistiques, linguistiques et pédagogiques sur la langue des signes. « J’avais beaucoup de pression. Finalement, je me suis fait happer et la peur est devenue un moteur. Cela a été une aventure hors norme. J’ai pris une grosse claque. Avec la langue des signes, on joue avec tout son corps.» Maxence Danet-Fauvel, l’interprète d’Eliott, a aussi un peu perdu ses repères : « Quand j’ai rejoint l’aventure l’an dernier, le tournage de Skam était un énorme bordel sans nom, où tout le monde se criait dessus très gentiment. Et sur cette saison, j’ai découvert une pièce où se trouvent cent personnes et où personne ne parle, c’était extraordinaire. » Même son de cloche chez Philippine Stindel, qui joue Emma : «Je n’ai pas appris la langue des signes, donc c’était difficile de communiquer avec les acteurs sourds et malentendants. Par contre, j’ai pris une claque en danse avec eux. On fait des soirées à la fin de la semaine pendant le tournage et il faut les voir sur une piste de danse, c’est un truc de malade. » « C’est fou d’avoir pu faire ces saisons 5 et 6, et de traiter de sujets dont on ne parle pas. Tourner Skam France, c’est hyper enrichissant, parce qu’on apprend chaque jour. Enfin, c’est bien en 2020 de montrer la société actuelle à la télévision », conclut Assa Sylla, qui campe à l’écran Imane.