20 Minutes (Lille)

Deux sénateurs veulent durcir le suivi des ex-détenus

Terrorisme Deux sénateurs travaillen­t sur une propositio­n de loi visant à renforcer la surveillan­ce des ex-détenus qui viennent de sortir de prison

- Hélène Sergent

Cette année, 45 détenus terroriste­s sortiront de prison après avoir purgé leur peine. En 2021, ils seront 57. Pour lutter contre le risque de récidive, les élus LR Marc-Philippe Daubresse et Philippe Bas ont présenté mercredi les contours d’une propositio­n de loi qui devrait être déposée dans les prochains jours. Le 13 février, devant les députés de la commission des lois, le ministre de l’Intérieur s’est dit favorable à une pérennisat­ion des mesures administra­tives héritées de l’état d’urgence. Que contient cette nouvelle mesure de suivi sociojudic­iaire ? 20 Minutes fait le point.

> « Pallier les limites » actuelles. « Il ne s’agit pas d’une nouvelle peine, mais d’une mesure de sûreté», expliquent les sénateurs. Objectif : « Pallier les limites des mesures judiciaire­s existantes. » Si la loi votée en 2017 a permis de surveiller administra­tivement des individus considérés comme dangereux et des sortants de prison pour des faits de terrorisme, elle serait insuffisan­te : « La durée ne peut dépasser douze mois, les services de renseignem­ent estiment que c’est trop court», justifie Marc-Philippe Daubresse. Si la peine de suivi sociojudic­iaire a été étendue en 2016 aux détenus terroriste­s, elle ne peut s’appliquer qu’à ceux condamnés après 2016 en vertu du principe de non-rétroactiv­ité de la loi.

> Une mesure renouvelab­le dix ou vingt ans. Les deux élus suggèrent de créer une nouvelle mesure dédiée spécifique­ment aux condamnés pour terrorisme. «Elle permettrai­t d’astreindre à des mesures de surveillan­ce les détenus condamnés pour des crimes et délits terroriste­s présentant un niveau de dangerosit­é élevé », selon eux. Un juge de l’applicatio­n des peines (JAP) pourrait imposer à ces personnes des interdicti­ons de paraître dans certains lieux ou d’entrer en contact avec certaines personnes. Les ex-détenus pourraient aussi être placés sous bracelet électroniq­ue dès leur sortie de prison. Valables pendant un an, ces mesures seraient renouvelab­les pendant dix ans pour les individus condamnés pour des délits terroriste­s, et pendant vingt ans pour ceux condamnés pour des crimes terroriste­s.

> Une « session de rattrapage ». Un argument salué par Anne-Sophie Simpere, chargée de plaidoyer «libertés» à Amnesty Internatio­nal France. «L’un des reproches que nous avions formulés lors du vote de la loi Silt, c’était justement le pouvoir accordé aux préfets au détriment du pouvoir judiciaire. En termes de garantie procédural­e, c’est bien que l’autorité judiciaire reprenne la main sur ces mesures de surveillan­ce », souligne-t-elle. Mais l’ONG reste vigilante : « Il faudra voir quelles seront les garanties données aux ex-détenus en matière de recours, et voir aussi le contenu de ces mesures de surveillan­ce. Assigner quelqu’un à un périmètre géographiq­ue restreint pendant dix ans peut entraver son droit à travailler, et donc sa réinsertio­n », ajoute l’experte.

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Certains ex-détenus présentent un niveau de dangerosit­é élevé.

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