Ryan White revient sur la place des LGBTQ à la télé
Inclusion La docu-série «Visible, Out on Television» de Ryan White, sur Apple TV+, revient sur l’histoire des personnages LGBTQ à la télé
Ryan White nous plonge dans l’histoire de l’exclusion des personnages lesbiens, gays, bi, trans et queer (LGBTQ) dans la télé américaine. Les cinq épisodes de «Visible, Out on Television», disponibles sur Apple TV+, dévoilent un paysage de plus en plus divers, de l’invisibilité quasi totale des années 1950 et 1960 à la série Orange is the New Black, en 2013, qui couronne l’actrice afro-américaine transgenre Laverne Cox. Entretien avec le réalisateur Ryan White, par ailleurs auteur du documentaire Netflix «The Keepers» et du film The Case Against 8.
Pourquoi vouliez-vous faire une docu-série sur l’évolution des personnages LGBTQ à la télé ?
Nous voulions savoir ce que nos parents et grands-parents regardaient quand ils étaient plus jeunes, s’il y avait des personnages LGBTQ et, si oui, comment ils et elles étaient montrées. Notre série explique comment on en est arrivés à la situation actuelle, avec par exemple une série comme Pose, qui comporte quatre ou cinq personnages trans non blancs, ce qui est tout à fait nouveau.
Il n’y avait aucun personnage gay ou trans dans les années 1950…
L’un des tout premiers personnages gay significatifs est apparu dans All in the Family, une sitcom très populaire des années 1970. Dans l’épisode «Judging Books by Covers», le personnage de Steve – déjà présent dans la série – fait un coming-out. C’était la première fois que cela arrivait dans une sitcom américaine. C’était en 1971. Avant, les gays apparaissaient dans des talk-shows, où des psychiatres discutaient des causes de l’homosexualité. Les lesbiennes n’existaient pas, et les personnes trans étaient toujours portraiturées comme malfaisantes. Le premier personnage authentiquement transgenre apparaît en 1975, dans la série The Jeffersons. Edie Stokes était joué par une actrice «cis» [une personne dont le genre assigné à la naissance correspond au genre revendiqué], mais c’était l’un des premiers portraits positifs.
Pensez-vous que la télévision est le reflet de la réalité ? Ou qu’il peut y avoir des avancées télévisuelles au moment où les politiques reculent ?
Je pense que nous avons atteint un point où la télévision joue un rôle de résistance active. Mais il faut aller plus loin, obtenir une meilleure représentation des LGBTQ derrière la caméra. Il faut qu’ils et elles écrivent leurs scénarios et leurs personnages. Et il nous faut continuer à travailler à l’intérieur du spectre LGBTQ, pour qu’il y ait plus d’hommes trans, par exemple, ou de personnages LGBTQ d’âges et d’origines différentes. La série Netflix Special raconte l’histoire d’un homme gay atteint de paralysie cérébrale. Elle n’aurait jamais obtenu le feu vert il y a cinq ou dix ans, personne n’aurait pris le risque de financer cela. Pourtant, elle montre que la communauté LGBTQ n’est pas un monolithe.