Sept candidats à gauche pour une place à la mairie
Entre problèmes d’ego, divisions et trahisons, les partis de gauche partent divisés au premier tour des élections, à Roubaix
On appelle ça le paradoxe roubaisien. Alors que la ville vote majoritairement à gauche à toutes les élections ou presque, le maire de la commune est un homme de droite depuis 2014. Elu à la surprise générale il y a six ans, Guillaume Delbar (DVD, soutenu par LREM) a profité de la division de la gauche à Roubaix.
Un scénario qui pourrait bien se reproduire cette année. Car dans la troisième ville la plus peuplée du Nord (96 000 habitants), les divisions et querelles d’ego continuent. Dimanche au premier tour, il n’y aura pas moins de sept listes de gauche. La France insoumise, Verts, PC allié au PS et à Génération-s, deux listes divers gauche, Lutte ouvrière et le NPA. « En 2014, la gauche ne s’attendait absolument pas à perdre la mairie, constate Julien Talpin, politologue à l’université de Lille. Le lendemain de cette élection, tout le monde se demandait comment refaire l’unité de la gauche en 2020 et personne n’y est arrivé. Ce sont des divisions liées à des questions de personnes. Personne n’a émergé, il n’y a aucune figure capable de faire consensus. »
Quel second tour?
Quand on demande qui est responsable de cette désunion, chacun se renvoie la balle. Tête d’une liste d’union de la gauche avec le PC, le PS et Génération-s, Christiane Fonfroide tacle les ex-socialistes, Karim Amrouni et André Renard, qui ont décidé de monter chacun une liste DVG. « Ils réunissent des gens de centre mou, déçus de tout. Nous, nous avons maintenu le cap avec des socialistes. Nous sommes unis autour de valeurs fondamentales.
C’est notre liste qui porte l’union de la gauche», assure la communiste. Déjà dissident en 2014 contre le maire socialiste de l’époque Pierre Dubois, André Renard assure, cette fois, jouer l’apaisement. «En 2014, il y avait un vrai schisme, se souvient la tête de liste d’Allez Roubaix. On n’est pas dans la même configuration. L’ambiance est très différente. On a une vraie vocation à converger vers le deuxième tour. On se connaît tous et on se parle. Chacun fait des calculs très différents sur l’impact qu’il a sur la ville.»
Sauf que l’éparpillement des voix à gauche dans une ville où le taux d’abstention atteint des records (61% en 2014) ne garantit rien. « Vu la fragmentation de la gauche, est-ce qu’une seule de ces listes va arriver au second tour? C’est hallucinant, car je ne pense pas qu’il y ait de grosses différences entre eux», lâche Julien Talpin. Arrivé en tête des listes de gauche à Roubaix aux européennes, en mai 2019, La France Insoumise part favori et espère bien jouer les faiseurs de roi. Si la porte est grande ouverte pour une alliance avec les Verts, le PC et le PS au second tour, les insoumis ne veulent pas entendre parler d’un rapprochement avec les listes Amrouni et Renard, jugées trop proches de La République en marche.