Une découverte majeure en santé
Grippe Des chercheurs ont démontré l’implication du microbiote intestinal dans la lutte contre les surinfections bactériennes
Il y a quelques jours, des chercheurs de l’Institut Pasteur de Lille (Centre d’infection et d’immunité de Lille) et de l’Inrae ont publié les résultats de travaux démontrant le lien entre les perturbations du microbiote intestinal, induites par la grippe, et les surinfections bactériennes. Cette découverte pourrait avoir des retombées majeures dans la prévention des pathologies associées à d’autres infections virales aiguës, telle que l’infection par le coronavirus. Le microbiote intestinal, également appelé flore intestinale, est composé de très nombreux micro-organismes, essentiellement des bactéries, présentes dans notre système gastro-intestinal. « Le microbiote intestinal est impliqué dans beaucoup de choses, notamment dans l’éducation du système immunitaire et dans les mécanismes de défense contre les infections », explique le docteur François Trottein, directeur de recherche au CNRS.
Dans cette étude, les scientifiques se sont intéressés à la grippe et aux surinfections bactériennes, responsables de la majeure partie des décès chez les personnes âgées ou vulnérables contaminées par le virus. « Nous avons essayé de comprendre comment la grippe favorise ces surinfections bactériennes », poursuit le chercheur.
Des pistes contre le virus
Les études chez la souris ont permis de démontrer que le virus modifiait temporairement la composition et l’activité métabolique du microbiote. « La réduction de la prise alimentaire au cours de la maladie réduit aussi, de fait, la production d’acides gras à chaîne courte par le microbiote, capables, de façon naturelle et à distance, de renforcer nos défenses immunitaires dans le poumon. Cette chute d’acides gras à chaîne courte au cours de l’infection virale favorise les surinfections bactériennes », détaille François Trottein.
Cette découverte n’empêchera pas d’attraper la grippe. Néanmoins, elle donne des pistes pour mieux armer les patients contaminés par le virus. «On pourrait protéger le microbiote en ingérant par exemple davantage de fibres, à l’origine de la production des acides gras à chaîne courte », explique le chercheur.
Ce que l’on a pu observer autour des victimes du coronavirus, c’est que ces personnes étaient essentiellement mortes de pneumonies virales ou de dysfonctionnement de certains organes. Selon le scientifique, « les malades du Covid-19 pourraient aussi développer des surinfections bactériennes. Etudier le microbiote intestinal, dans le cadre du coronavirus, va être une piste intéressante de recherche. Des études sont en cours », conclut le scientifique. Alors, en attendant un traitement ou un vaccin, mangez des fibres et prenez soin de votre microbiote intestinal.