«L’industrie de santé, une question de souveraineté »
Economie Directeur d’Eurasanté, Etienne Vervaecke souligne l’importance d’investir
S’il est un secteur qui ne souffre pas trop de la crise liée à l’épidémie de Covid-19, c’est celui de la santé. Selon Etienne Vervaecke, directeur général d’Eurasanté, une agence de développement économique qui fédère un millier d’entreprises dans les Hautsde-France, cette évidence cache des handicaps qu’il faudra résoudre.
Qu’a révélé cette crise sanitaire ?
Avant tout, le manque de capacités de fabrication des biens de santé et la pénurie d’équipements. Nous sommes la 6e puissance économique mondiale et la 19e en capacité de réanimation dans les hôpitaux. Depuis des années, les pouvoirs publics considèrent que les dépenses hospitalières sont trop importantes. On se fournit au moins cher, c’est-à-dire en Chine.
Que préconisez-vous ?
A l’avenir, il serait judicieux de mettre en place une exception sanitaire concernant les achats cliniques. Le prix ne doit plus être le seul critère. Il est important de relocaliser des producteurs sur le territoire pour ne plus être confronté à l’extrême dépendance que nous connaissons actuellement. Avoir une industrie de santé forte, c’est une question de souveraineté.
Avez-vous un exemple ?
On a beaucoup parlé de l’usine bretonne qui a dû fermer en 2018, faute de commandes promises par l’Etat. Nous avons connu un exemple similaire à Tourcoing avec Macopharma qui avait ouvert des lignes de production de masques, mais a dû les fermer en 2015. L’entreprise a été réquisitionnée pour les rouvrir.
On a observé une forte adaptation…
Je voudrais souligner la mobilisation remarquable de l’industrie. Anios, réquisitionné par l’Etat, a pu augmenter de 25% sa capacité de production. Il y a un mois, leur usine fabriquait 35 t de gel hydroalcoolique par jour. Et il y a beaucoup d’autres exemples.
Et dans l’avenir proche ?
La start-up Vaxinano, qui a mis au point une technique de vaccination intranasale par nanoparticule, risque d’intéresser les gros laboratoires avec le coronavirus. La société Inno Bio Chips a obtenu un financement de la Direction générale de l’Armement pour accélérer la production d’un kit sérologique pour détecter le Covid-19.