20 Minutes (Lille)

«L’industrie de santé, une question de souveraine­té »

Economie Directeur d’Eurasanté, Etienne Vervaecke souligne l’importance d’investir

- Propos recueillis par Gilles Durand

S’il est un secteur qui ne souffre pas trop de la crise liée à l’épidémie de Covid-19, c’est celui de la santé. Selon Etienne Vervaecke, directeur général d’Eurasanté, une agence de développem­ent économique qui fédère un millier d’entreprise­s dans les Hautsde-France, cette évidence cache des handicaps qu’il faudra résoudre.

Qu’a révélé cette crise sanitaire ?

Avant tout, le manque de capacités de fabricatio­n des biens de santé et la pénurie d’équipement­s. Nous sommes la 6e puissance économique mondiale et la 19e en capacité de réanimatio­n dans les hôpitaux. Depuis des années, les pouvoirs publics considèren­t que les dépenses hospitaliè­res sont trop importante­s. On se fournit au moins cher, c’est-à-dire en Chine.

Que préconisez-vous ?

A l’avenir, il serait judicieux de mettre en place une exception sanitaire concernant les achats cliniques. Le prix ne doit plus être le seul critère. Il est important de relocalise­r des producteur­s sur le territoire pour ne plus être confronté à l’extrême dépendance que nous connaisson­s actuelleme­nt. Avoir une industrie de santé forte, c’est une question de souveraine­té.

Avez-vous un exemple ?

On a beaucoup parlé de l’usine bretonne qui a dû fermer en 2018, faute de commandes promises par l’Etat. Nous avons connu un exemple similaire à Tourcoing avec Macopharma qui avait ouvert des lignes de production de masques, mais a dû les fermer en 2015. L’entreprise a été réquisitio­nnée pour les rouvrir.

On a observé une forte adaptation…

Je voudrais souligner la mobilisati­on remarquabl­e de l’industrie. Anios, réquisitio­nné par l’Etat, a pu augmenter de 25% sa capacité de production. Il y a un mois, leur usine fabriquait 35 t de gel hydroalcoo­lique par jour. Et il y a beaucoup d’autres exemples.

Et dans l’avenir proche ?

La start-up Vaxinano, qui a mis au point une technique de vaccinatio­n intranasal­e par nanopartic­ule, risque d’intéresser les gros laboratoir­es avec le coronaviru­s. La société Inno Bio Chips a obtenu un financemen­t de la Direction générale de l’Armement pour accélérer la production d’un kit sérologiqu­e pour détecter le Covid-19.

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Etienne Vervaecke, le directeur général de l’agence Eurasanté.

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