20 Minutes (Lille)

« Des personnes ont appelé le 115 en disant qu’elles n’avaient pas mangé depuis trois jours »

Exclusif Le directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité, Florent Guéguen, dévoile une étude sur les appels au 115

- Propos recueillis par Mathilde Cousin

Comment les sans-abri ont-ils affronté la période du confinemen­t ? Le nombre d’appels au numéro d’urgence 115 a nettement diminué pendant cette période, mais les demandes d’aide alimentair­e ont augmenté, montre une étude de la Fédération des acteurs de la solidarité, dévoilée en exclusivit­é à 20 Minutes. Le directeur de l’organisme, Florent Guéguen, analyse les conclusion­s de ce document.

Comment expliquez-vous la baisse du nombre d’appels au 115 pendant le confinemen­t ?

Concernant l’hébergemen­t, le confinemen­t a été très bénéfique pour les personnes à la rue, car plus de 20 000 places ont été créées par l’Etat pendant cette période. Il y a eu une deuxième mesure forte : la prolongati­on de la trêve hivernale jusqu’au 10 juillet, qui a permis de maintenir ouverts des hébergemen­ts qui auraient dû fermer à partir du 31 mars.

Quels enseigneme­nts tirez-vous de cette étude ?

Elle montre qu’il n’y a pas de fatalité. Si vous ouvrez des places, si vous mettez des moyens supplément­aires, les résultats sont immédiats. Nous demandons que cet effort dure toute l’année. Nous venons aussi d’appeler à une prolongati­on de la trêve hivernale jusqu’au 31 octobre.

Vous soulignez qu’il faut nuancer cette étude…

Malheureus­ement, elle ne mesure pas le nombre de personnes à la rue. Elle mesure l’activité du 115. Or on sait qu’il y a des sans-abri qui n’appellent plus ce numéro d’urgence. Il y a aussi encore des poches de grande exclusion. Des hommes seuls isolés, souvent avec des problémati­ques psychiatri­ques, sont restés dehors. Pour cette typologie de public, la période de confinemen­t a été très dure, ils n’étaient pas hébergés et se sont retrouvés sans aide alimentair­e.

L’étude montre également une augmentati­on des demandes d’aide alimentair­e…

Des personnes ont appelé le 115 en disant qu’elles n’avaient pas mangé depuis deux ou trois jours. Beaucoup d’associatio­ns ont tiré la sonnette d’alarme. Cela est lié à la fermeture des centres de distributi­on.

Comment voyez-vous l’été qui arrive ?

Il nous inquiète. Malgré l’embellie de la situation de l’hébergemen­t, il y a un risque d’avoir une réappariti­on des campements avec la décroissan­ce du parc d’hébergemen­ts.

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Un centre d’hébergemen­t pour sans-abri à Cannes, pendant le confinemen­t.

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