«Notre priorité est de faire le lien entre la transition écologique et la justice sociale»
L’écologiste Stéphane Baly est l’outsider n° 1 pour déboulonner Martine Aubry
C’est l’anicroche de cette campagne à Lille. La maire (PS) de Lille, Martine Aubry, et la liste conduite par les écologistes n’ont trouvé aucun accord pour le second tour des municipales, après 19 ans à siéger dans le même exécutif à la tête de la ville. Un défi inédit pour Stéphane Baly (EELV) qui avait atteint 24,5% au premier tour et se retrouve dans la peau de l’outsider n° 1.
Selon vous, qu’a changé le confinement dans la campagne?
Nous avons mis à profit cette période de suspension de la campagne pour avoir des échanges avec différents acteurs de la vie sociale et économique. Ça nous a permis de connaître leurs attentes vis-à-vis de la collectivité par rapport à cette crise. Nous avons pu ajuster notre programme.
Quelle sera la ligne directrice de votre mandat, si vous êtes élu ? Notre priorité est de rassembler autour d’un projet, de faire le lien entre transition écologique et justice sociale. Au contraire de la maire actuelle qui ne cesse d’opposer : la nature contre le logement, par exemple, à Saint-Sauveur.
Et votre mesure emblématique ?
Les gens n’attendent pas un maire avec une mesure, mais un engagement. Etre un maire à temps complet, par exemple. Si on doit sortir une mesure, ce sera la première que nous prendrons, à savoir rendre la Grand-place piétonne. Il s’agit de la dernière grande place flamande traversée par des voitures. Cette mesure doit traduire la future métamorphose de la ville dans tous les quartiers. Nous allons rendre la ville aux Lillois.
Dans quel état d’esprit abordez-vous ce second tour?
Les trois derniers scrutins avaient été une formalité électorale grâce à l’accord Verts / PS. Lille n’est pas à droite. Martine Aubry porte la responsabilité de la désunion locale. Mais nous sommes sereins et déterminés. C’est une opportunité historique d’avoir une transition citoyenne démocratique.
Qu’est-ce qui va faire l’élection?
L’aspiration au changement. Nous portons un nouveau projet politique, mais aussi de nouvelles pratiques. Qu’apporterait un quatrième mandat de Martine Aubry? Notre liste est un bulletin pour changer avec une équipe rajeunie et expérimentée.
Que faut-il corriger de toute urgence ?
Lille est une des villes où l’air est le plus pollué et où la surface d’espaces verts est la plus faible. On s’est battus pour chaque arbre lors des rénovations urbaines. On doit être encore plus offensifs. Un projet phare comme le centre commercial Lillenium, porté par la maire sortante, est anachronique. Il faut apporter d’autres réponses que celles des années 1980.
«Il faut apporter d’autres réponses que celles des années 1980.»
Comment comptez-vous travailler avec la Métropole de Lille?
Notre projet métropolitain s’appelle «Green new Mel [Métropole de Lille]». Avec une trentaine d’élus, nous pouvons être un groupe charnière pour animer ces projets qui doivent être cohérents sur tout le territoire. En nous opposant, par exemple, aux constructions sur les champs captants, comme ça a été proposé par la MEL lors du dernier mandat.
Comment allez-vous gouverner?
Diriger une mairie n’est pas un exercice en solitaire. Le maire est, au contraire, un chef d’orchestre. On doit arrêter de cliver là où il n’y a aucune raison de le faire. Nous serons à l’écoute. Si on avait co-construit les projets, ça aurait évité de courir chez les pépiniéristes acheter des arbres la veille de l’inauguration d’une place, par exemple. Lille a besoin de changer de logiciel, pas de courir après l’électeur écolo.