20 Minutes (Lille)

Macron au pied du mur vert

Environnem­ent La Convention citoyenne pour le climat renvoie l’exécutif à «ses responsabi­lités» pour mettre en place ses propositio­ns

- Thibaut Le Gal

Emmanuel Macron pris à son propre piège ? Sortie de son chapeau à l’issue du grand débat national au printemps 2019, la Convention citoyenne pour le climat a pris fin dimanche. Après huit mois de travail, ses 150 membres ont rendu leur copie pour lutter contre le réchauffem­ent climatique «dans un esprit de justice sociale». La pression repose désormais sur l’exécutif pour mettre en place l’ensemble des mesures. Mais dans un contexte de récession économique, le chef de l’Etat tiendra-t-il sa promesse? Emmanuel Macron doit apporter des premières réponses le 29 juin lors d’une rencontre avec les 150 participan­ts. Il s’était engagé à reprendre «sans filtre» les propositio­ns de la convention, évoquant trois pistes d’applicatio­n : par règlement, vote par le Parlement ou référendum. Alors que la piste d’un référendum à questions multiples prenait de l’ampleur ces derniers jours, les membres de la convention climat ont joué le contre-pied. S’ils souhaitent bien poser aux Français la question de l’introducti­on de la lutte contre le réchauffem­ent climatique dans la Constituti­on et la création d’un crime d’« écocide », ils préfèrent renvoyer l’exécutif à « ses responsabi­lités » pour l’applicatio­n des mesures les plus concrètes.

Le chef de l’Etat se sait très attendu sur les questions environnem­entales.

Mais la mise en applicatio­n de ces propositio­ns pourrait se révéler compliquée. « Emmanuel Macron se retrouve un peu piégé, explique Daniel Boy, directeur de recherches à Sciences po Paris. Son bilan écolo est jugé insuffisan­t, même par le Haut Conseil pour le climat qu’il a créé. Il doit donner des gages à une partie des électeurs, mais sa majorité aura du mal à voter des mesures aussi radicales que celles proposées par la convention. » Des propositio­ns comme la renégociat­ion du traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (Ceta), la réduction de moitié en 2030 de l’usage des pesticides ou la limitation de la vitesse sur l’autoroute à 110 km/h pourraient s’avérer politiquem­ent inflammabl­es. « L’écologie, ça ne doit pas être la punition, mais l’art de pouvoir vivre dans de bonnes conditions », a réagi dimanche Christian Jacob, le patron des Républicai­ns, sur BFMTV. Emmanuel Macron, qui a promis une «reconstruc­tion économique, écologique et solidaire», pourrait apporter des précisions lors de sa prochaine allocution, prévue en juillet. Les membres de la Convention ont de leur côté annoncé la création d’une associatio­n, Les 150, pour assurer le suivi de leur projet.

«Sa majorité aura du mal à voter des mesures aussi radicales.»

Daniel Boy,

 ??  ?? Le chef de l’Etat, lors d’une séance de la convention, le 10 janvier à Paris.
Le chef de l’Etat, lors d’une séance de la convention, le 10 janvier à Paris.

Newspapers in French

Newspapers from France