Elle raconte l’apport de sa bourse dans ses recherches
Sciences Il y a deux ans, la Nordiste Alicia Mayeuf avait obtenu une bourse pour ses travaux en biologie à l’Institut Pasteur de Lille
Chaque année, la Fondation L’Oréal et l’Unesco récompensent de jeunes chercheuses. Il y a deux ans, la Nordiste Alicia Mayeuf faisait partie des heureuses élues et avait obtenu une bourse pour ses travaux en biologie au sein du laboratoire du professeur Barts Staels à l’Institut Pasteur de Lille.
Quel est votre domaine de recherche ?
Je travaille sur l’importance de l’horloge biologique dans nos cellules-souches musculaires. Ce sont ces cellules qui permettent aux muscles de se régénérer après des blessures. Dans notre équipe, nous cherchons à savoir comment ces cellules sont affectées par désynchronisations de l’horloge biologique. On sait que la lumière, l’alimentation et l’exercice physique aident à synchroniser cette horloge et que les perturbations peuvent entraîner des pathologies allant jusqu’au cancer.
Sur quoi ces connaissances peuvent-elles déboucher ?
Mieux connaître ce fonctionnement permettrait de rendre plus efficaces les injections de cellules-souches lors de traitements contre la myopathie, par exemple. Mais, aussi, de savoir à quel moment de la journée une greffe est la plus efficace. Ou encore de savoir comment se comportent les cellules-souches de travailleurs postés, qui travaillent la nuit.
Que vous a apporté cette bourse ?
D’un point de vue financier, les 20 000 € m’ont permis d’établir de nouvelles collaborations à l’étranger et de présenter mes travaux devant des experts mondiaux aux Etats-Unis. Cette reconnaissance d’une expertise permet aussi d’obtenir d’autres financements pour la recherche. C’est un effet spirale.
Et sur le plan médiatique ?
J’ai reçu beaucoup de courriers de lycéennes et de jeunes filles. Cette médiatisation permettait de les conforter dans leur choix de suivre une carrière scientifique, car ce n’est pas toujours simple. L’an dernier, j’ai aussi été ambassadrice de la Fête de la science. C’est important de montrer qu’une fille peut réussir dans ce domaine pour motiver les autres.
Est-ce une forme de militantisme ?
Je ne sais pas si je suis militante. Les filles ont tendance à s’empêcher de faire des études scientifiques poussées. Parfois pour des raisons d’image, mais aussi par manque de confiance ou par peur de se lancer sur le long terme, en rapport avec leur vie personnelle.
Quelle est votre ambition professionnelle ?
Je fais partie d’une équipe de 12 personnes et j’ai la chance de pouvoir être autonome sur mes recherches. J’aimerais, un jour, diriger un laboratoire de recherches et encadrer une équipe. Mais avant cela, il faut signer et publier de nombreux travaux. Et chaque réponse à des questions scientifiques qu’on se pose amène de nouvelles questions. Il reste donc beaucoup de travail à effectuer.