Le Losc doit-il mettre le paquet sur la Ligue Europa ?
Le Losc doit-il vraiment jouer l’Europe à fond cette saison ?
Officiellement, le Losc la jouera à fond. Qualifié pour la Ligue Europa, le club nordiste connaîtra ses adversaires de la phase de poules ce vendredi. Avec une phase de poules aussi ramassée cette saison en raison du Covid, qui fait démarrer la compétition un mois plus tard que d’habitude, on voit mal comment le Losc va privilégier cette compétition à la Ligue 1. Car Lille va devoir se coltiner six matchs européens en huit semaines, le tout en jouant en L1 le week-end.
« De grands moments »
« On trouve ça toujours sympa de jouer une Coupe d’Europe mais, après, on regarde si on a les moyens de la jouer, explique Michel Seydoux, président du Losc de 2002 à 2017. Et si on n’a pas les moyens, hé bien on ne la joue pas. » D’ailleurs, à l’époque, n’hésitait pas à aller dans le bureau du coach pour lui annoncer la couleur : « Je lui disais toujours qu’on ne pouvait pas tout faire et que ma priorité était de finir sur le podium de la Ligue 1 pour jouer la Ligue des champions, car c’est ça qui ramenait de l’argent au club. » Si les dotations en Ligue Europa ont augmenté ces dernières années, la deuxième Coupe d’Europe reste à des années-lumière financièrement de la coupe aux grandes oreilles. « A mon époque, la Ligue Europa rapportait que dalle, reprend Seydoux. Pire, elle nous coûtait du pognon. Vous alliez à l’autre bout de la terre et on ne vous donnait rien pour le faire. » Si le dirigeant ne s’y retrouvait pas financièrement en Ligue Europa, les joueurs, eux, ramenaient des tonnes de souvenirs. Milieu de terrain au Losc de 2003 à 2011, Stéphane Dumont a les yeux qui s’écarquillent quand on lui parle de la C3 : « Je me souviens encore de matchs à Liverpool ou à Fenerbahçe. C’étaient de grands moments et les joueurs faisaient tout pour avancer le plus loin possible dans la compétition. » D’ailleurs, peu importe la fatigue, le manque de prestige ou l’opinion des dirigeants : les joueurs aiment jouer ce genre de matchs. Ce que reconnaît aisément Michel Seydoux : « Les joueurs n’en avaient rien à foutre de ce qu’on disait. Eux, ils jouaient et se donnaient à fond. On ne pouvait pas choisir à leur place. Il n’y a pas un joueur qui n’a pas envie de jouer une Coupe d’Europe quelle qu’elle soit. Même quand vous gagnez une coupe Intertoto à 3 h du matin au fin fond du Portugal, vous êtes super heureux. »