20 Minutes (Lille)

«Ça déchaîne toujours les passions»

Football Le psychiatre Olivier Brochart a écrit un ouvrage sur l’histoire des derbys entre Lille et Lens

- Propos recueillis par Francois Launay

Dimanche, Lille et Lens s’affrontero­nt lors du 111e derby du Nord. Dans le livre Histoire des derbys (ed. Lumières de Lille), co-écrit avec le journalist­e Jean-Baptiste Allouard, le psychiatre Olivier Brochart raconte chaque match entre le Losc et le RC Lens. Une aventure commencée en 1946 et qui va reprendre après cinq ans d’interrupti­on.

Est-ce la plus longue interrupti­on pour un derby du Nord ?

Oui, c’est le laps de temps le plus long, ça n’est jamais arrivé dans l’histoire. C’est même la première fois qu’un derby va se disputer sans qu’un seul joueur des deux équipes ait déjà participé à un derby du Nord auparavant. Ce sera une première pour tout le monde. C’est aussi un derby sans joueurs régionaux ou presque. A l’exception du Lensois Gaël Kakuta, né à Lille.

Il n’y aura que 1000 spectateur­s en raison de la crise sanitaire. Ce sera la plus faible affluence de l’histoire du derby?

Non. Le 14 mai 1970, il n’y a eu 906 spectateur­s à Bollaert pour un derby. A l’époque, les deux équipes jouaient en CFA et n’intéressai­ent plus grand monde. Le prochain derby ne sera donc pas le moins suivi de l’histoire.

Quelles sont les autres particular­ités de ce 111e derby ?

Les deux équipes sont dans le haut du tableau [Lille est 2e, Lens 3e] ce qui est très rare. Ce derby me fait vraiment penser à celui disputé le 24 septembre 2000, quand le Losc venait de remonter en Ligue 1 après trois ans de purgatoire. Et comme cette année, les deux équipes étaient en tête du championna­t. A l’époque, c’est Lille qui avait gagné le derby (2-1) dans les cinq dernières minutes.

Ni les joueurs, ni les entraîneur­s, ni les présidents ne sont de la région. Le mot derby a-t-il encore un sens ?

Ça n’a plus rien à voir. Les joueurs, qui ne font souvent que passer, n’ont plus l’amour du maillot. Ils sont dans autre chose désormais. Il n’y a plus vraiment d’identifica­tion forte. Surtout que cette année, il n’y aura même pas de verve pendant le match puisqu’il n’y aura que 1 000 spectateur­s.

Du coup, ce genre de match a-t-il perdu de son charme ?

Non, car ça reste quand même très important chez les supporteur­s. Ils continuent de s’étriper sur les réseaux sociaux. Ça déchaîne toujours les passions. C’est à celui qui sortira la meilleure punchline. Ça peut être cruel. Mais tant qu’il n’y a pas de débordemen­ts, c’est plutôt sympa.

Depuis toujours, on oppose Lille la bourgeoise à Lens l’ouvrière. C’est encore d’actualité ?

Oui même si ça a évolué. Avant, on parlait d’une guerre d’antagonism­es sociaux, économique­s, culturels, religieux, ethniques. Tout opposait les deux clubs. C’était vraiment la métropole lilloise contre la petite bourgade lensoise. C’est pour ça qu’historique­ment, dans la région, il y a toujours eu plus de supporters de Lens que de Lille. Les gens ont toujours plus tendance à vouloir défendre l’opprimé.

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Selon lui, si la ferveur est toujours là, le derby du Nord a bien changé.

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