20 Minutes (Lille)

Des élus mobilisés au nom des commerces de proximité

Baisser le rideau? Certains commerçant­s non alimentair­es de la métropole le refusent. Un maire a autorisé leur réouvertur­e

- Francois Launay

Quand elle a appris, le 28 octobre, qu’elle devait de nouveau fermer sa librairie à cause du reconfinem­ent, Fabienne Van Hulle a d’abord pleuré. Puis, la libraire lilloise a finalement décidé de refuser de fermer. Au mépris de la loi, place Ronde, sa librairie, n’a pas fermé ce week-end et rouvrira ses portes mardi. Comme si de rien n’était. «Quand j’entends le président de la République dire qu’on peut aller travailler dans les écoles, les bureaux, les usines, mais pas dans un commerce. Comme si ce n’était pas un travail, lâche la femme de 57 ans. Et puis, à ce que je sache, ce n’est pas la librairie qui a cassé l’hôpital.» En laissant sa boutique ouverte, Fabienne Van Hulle sait très bien qu’elle risque pénalement une amende de 135 € d’amende, une fermeture administra­tive, voire une garde à vue si elle persiste dans son refus de fermer son commerce. Mais la libraire, qui reçoit des messages de soutien de la France entière, compte bien aller jusqu’au bout de son action.

« Je respecte le protocole sanitaire au maximum, assure la libraire qui espère que les 3 000 librairies de France puissent rouvrir dans les prochains jours. Je laisse la porte ouverte, tout est désinfecté et il n’y a jamais plus de trois personnes dans la librairie. Des médecins urgentiste­s qui sont venus me soutenir m’ont dit que le risque de contaminat­ion était quasi nul chez moi. » Comme Fabienne Van Hulle, ils sont de plus en plus nombreux à refuser d’appliquer les décisions gouverneme­ntales. Dans la métropole lilloise, Patrick Proisy, maire (FI) de FachesThum­esnil, vient ainsi de prendre un arrêté municipal autorisant la réouvertur­e des petits commerces non alimentair­es de sa commune.

« Le but est d’adresser un message fort à nos commerçant­s qui sont dans une situation psychologi­que très difficile, s’insurge l’élu. L’autre objectif est aussi d’envoyer un message au gouverneme­nt en pointant ses incohérenc­es. Car il y a une rupture d’égalité de traitement

avec les grandes surfaces qui est intolérabl­e. » Samedi, certains commerces de Faches ont donc rouvert, au grand dam de la préfecture. Dans un communiqué, le préfet du Nord demande le retrait des arrêtés tout en décidant de mener l’action en justice.

Des référés demandant au juge la suspension de ces mesures ont ainsi été introduits devant le tribunal administra­tif. Où les maires sont quasiment sûrs de perdre. «On sait que notre arrêté municipal ne vaut rien par rapport à un décret ministérie­l, concède Patrick Proisy. On l’a surtout fait pour envoyer un message et un cri d’alerte. »

« Il y a une rupture d’égalité de traitement. »

Patrick Proisy, maire (LFI) de Faches-Thumesnil

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Un commerçant qui ouvre ses portes s’expose à une amende de 135 €.

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