Chasseur de primes et bon père?
« The Mandalorian » brouille les codes de la masculinité traditionnelle
Les fans l’attendaient avec impatience : The Mandalorian 2, sortie vendredi, est la suite de la série dérivée de Star Wars, qui suit les aventures de Mando, un chasseur de primes à l’armure exceptionnelle et au grand coeur, après la chute de l’Empire.
Une série qui révèle un étrange mix entre un chevalier viril et un père attentif, brouillant les codes de la masculinité traditionnelle. Pour autant, ce chasseur de primes est-il un bon père et un père moderne ? Dans la saison 1, Mando a accepté un contrat avec les forces obscures pour transporter un enfant, « Baby Yoda », doté de pouvoirs merveilleux. Mais, découvrant que ses commanditaires veulent le détruire, il décide de le sauver et de le ramener près des siens. Le guerrier armé des pieds à la tête se retrouve obligé de s’occuper du bambin…
Le héros de ce «space western» évolue sans femme dans son giron.
Comme dans les westerns classiques, « il y a l’idée que le patriarche doit se reproduire, mais que l’idéal masculin est libéré de la femme », explique Michel Mounir Bondurand, spécialiste de genre et de cinéma américain, et enseignant à Paris-3 Sorbonne Nouvelle. Rares sont cependant les westerns où les cow-boys ont pour mission de s’occuper des enfants. C’est en ce sens que Mando est un peu particulier. Et que le « rôle » sociétal de la série est d’accompagner une transition de la masculinité guerrière à une masculinité plus douce, explique Michel Mounir Bondurand : « The Mandalorian est une fiction qui va rassurer les pères qui pensent qu’il y a un dilemme entre leur masculinité et le fait de changer les couches. » Sauf que… « Mando ne change pas les couches de l’enfant, il ne va pas au supermarché. Il joue avec lui et il assume la paternité sous forme de transmission culturelle », poursuit le spécialiste. Car le jeu est LA tâche domestique par excellence assumée par les pères.
« Une série moderne dans sa représentation de la paternité serait une série où le père s’occupe d’autre chose que du foot ou de l’apprentissage d’une masculinité puissante », explique Charles-Antoine Courcoux, historien du cinéma à l’université de Lausanne. Mais « un héros absolu ne peut pas être un bon père. Il est trop loin du monde. Le bon père a un crédit, il va chercher les enfants au basket », pense Mounir Michel Bondurand.
«Mando ne change pas les couches de l’enfant, il ne va pas au supermarché.»
Michel Mounir Bondurand, enseignant à la Sorbonne Nouvelle