Les Belges perplexes sur les mesures de confinement
Epidémie Chez nos voisins, le taux d’incidence du coronavirus est l’un des plus élevés au monde
Un confinement déconfiné. Avec un taux d’incidence parmi les plus élevés au monde et plus de 15000 nouvelles contaminations par jour, la Belgique s’est reconfinée depuis lundi pour une durée de six semaines. A Tournai, non loin de la frontière avec la France, les habitants sont sceptiques sur l’efficacité d’un dispositif jugé trop permissif.
Les librairies ouvertes
Contrairement à mars, il n’y a pas l’ombre d’un policier pour contrôler les véhicules près de la frontière. Sur la route nationale, peu avant d’arriver à Tournai, nous tombons sur la Librairie des 3 Suisses. « Les librairies en Belgique vendent des journaux et nous sommes considérés comme des commerces de première nécessité», explique Frédéric, le gérant. Tant de boutiques sont ouvertes que l’on se demande si l’entrée en vigueur du confinement n’a pas été repoussée. « Je ne comprends pas la logique du gouvernement parce que là, ce n’est pas un confinement», lâche Frédéric.
Au centre de Tournai, le supermarché Kruidvat accueille ses clients. «Nous avions dû fermer en mars et nous n’avons eu la confirmation de l’ouverture que très tard cette fois-ci», déplore Gaëlle, la responsable. Elle aussi s’interroge sur l’efficacité des mesures prises par le gouvernement : «En France, on reste chez soi, point. Ici, on peut sortir et aller où on veut », assure-t-elle. Elle est partagée entre le bonheur de garder un peu de liberté et la crainte de l’avenir : «Si ce n’est pas suffisant pour faire baisser l’épidémie, on risque d’en prendre encore pour des semaines ou des mois », déplore-t-elle. S’ils peuvent se déplacer où bon leur semble sans avoir à se justifier, les Belges semblent raisonnables. Il n’y avait d’ailleurs pas foule dans les rues de Tournai, mardi. Pour entrer dans le dur, il faut attendre que le soleil se couche. Les provinces ont maintenu des couvre-feux, de 22 h à 6 h en Wallonie et de minuit à 5 h en Flandres. «Du coup, le vrai confinement n’a lieu que la nuit», ironise le libraire.