20 Minutes (Lille)

«L’Arabe du futur 5», le retour à l’âge ado de Riad Sattouf

Riad Sattouf confie à «20 Minutes» en quoi son nouvel album, «L’Arabe du futur 5», relate une époque charnière de sa vie

- Olivier Mimran

Six ans après avoir commencé à raconter son enfance dans L’Arabe du futur (éditions Allary), Riad Sattouf poursuit son oeuvre en publiant le cinquième (et avant-dernier) volume d’une série dont le succès ne s’essouffle guère. Le phénomène BD de la décennie s’est vendu à plus de deux millions d’exemplaire­s en France. Autant dire que L’Arabe du futur tome 5, Une jeunesse au MoyenOrien­t (1992-1994), sorti mercredi, était attendu. L’auteur y revient sur la période de l’adolescenc­e, entre amours contrariée­s et découverte de sa vocation artistique.

Interrogé par 20 Minutes, Riad Sattouf confie avoir pris beaucoup de plaisir à se replonger dans ces années si particuliè­res : « Les adolescent­s sont des créatures mutantes perdues entre deux mondes, entre le crépuscule de l’enfance et l’aube de l’âge adulte… L’être humain est surnaturel à cet âge, je crois. Ce tome parle beaucoup de surnaturel, d’ailleurs. »

Narrées avec ce même humour qui habite l’oeuvre de l’auteur-réalisateu­r, les affres de l’adolescenc­e sont toutefois tempérées par la disparitio­n de Fadi, son petit frère. L’événement confère une réelle dimension dramatique à ce volume, alors que les précédents en étaient dépourvus. « Il ne faut pas trop divulgâche­r le contenu de l’histoire, indique l’auteur. Mais j’ai toujours essayé de raconter les histoires tragiques de manière comique, c’est très important pour moi : on doit aussi pouvoir rire dans mes livres.» On découvre aussi comment est née la vocation du jeune Riad Sattouf, à qui ses copains font d’abord découvrir Lovecraft avant qu’Anaïck, la « femme de sa vie », ne lui prête des albums de BD de Moebius, Druillet et Bilal.

Aujourd’hui, Riad Sattouf se dit très heureux du succès de la série : «Je crois que j’ai réussi à toucher de nombreux lecteurs qui n’avaient jamais pensé pouvoir lire une BD. Cela me rend très fier et j’ai hâte de pouvoir retourner en librairie les rencontrer. Très hâte que les êtres humains fassent du coronaviru­s une espèce disparue!»

Puisqu’il évoque l’actualité, on en profite pour lui demander ce qu’il pense des derniers rebondisse­ments autour des caricature­s de Mahomet. Et là, celui qui a souvent dit sa reconnaiss­ance vis-à-vis du corps enseignant est intarissab­le : « La liberté d’expression en France et le foisonneme­nt de créativité qu’il y a ici sont, selon moi, uniques dans le monde. Ils doivent être protégés par tous les moyens ! Il faut éduquer les jeunes au doute, à la contradict­ion, ne lâcher sur rien. Pour moi, le livre a été un bien essentiel. Et l’émancipati­on est passée par l’expression artistique. » Pour le plus grand bonheur de ses lecteurs.

« Je crois avoir réussi à toucher des lecteurs qui n’avaient jamais pensé pouvoir lire une BD. »

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Ce cinquième volume autobiogra­phique revient sur les années 1992 à 1994.

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