Les fusils sont de sortie
Nature Dans le Nord et le Pas-de-Calais, des « nuisibles » et du grand gibier pourront être chassés
Deux jours après l’entrée en vigueur du confinement, la secrétaire d’Etat en charge de la biodiversité, Bérangère Abba, assurait que les chasseurs pourraient continuer de tirer certaines espèces pour « éviter un accroissement des dégâts faits aux cultures, aux forêts et aux biens par une prolifération des populations de grand gibier comme les sangliers ou les chevreuils. »
Du lièvre au renard roux
Voyant une porte s’ouvrir, les agriculteurs de la Coordination rurale (CR) des Hauts-de-France, avaient demandé une dérogation aux préfets. Pour Denis Patrelle, président de la CR de l’Oise, il ne faut pas se limiter aux chevreuils et aux sangliers : « Les dégâts de lièvres, corbeaux et pigeons ramiers peuvent être conséquents sur les cultures. » Il faut croire que la voix des agriculteurs, soutenue par celle du patron des chasseurs, Willy Schraen, a porté jusqu’aux oreilles des préfets du Nord et du Pas-de-Calais. Les représentants de l’Etat ont pris des arrêtés fixant les règles de mise en oeuvre « des chasses de régulation en période de confinement sanitaire ». Ce ne sont pas deux, mais une dizaine d’espèces que les chasseurs pourront chasser : le sanglier, le chevreuil, le daim, le cerf Sika, le pigeon ramier, le renard roux, le corbeau freux, la corneille noire, la pie bavarde, le rat musqué ou encore le lièvre. «C’est injuste que l’on puisse chasser sans problème alors que des ramasseurs de champignons se font verbaliser, s’insurge Madline Rubin, directrice de l’Association pour la protection des animaux sauvages. Cela fait des années que les chasseurs entretiennent les populations de sangliers, notamment en les nourrissant, et aujourd’hui, ils sont dépassés. » Elle dénonce un « cadeau fait aux chasseurs ». Une pétition contre les dérogations a déjà rassemblé, en sept jours, plus de 50 000 signatures.