«L’intérêt est de tenir jusqu’au vaccin»
Le chercheur lillois Philippe Froguel a proposé au gouvernement de procéder à des tests massifs
Et si on organisait des tests rapides et massifs pour stopper l’épidémie de Covid-19? L’idée est dans les tuyaux gouvernementaux depuis qu’un chercheur lillois, Philippe Froguel, l’a proposée à Emmanuel Macron il y a une semaine. Il se dit volontaire pour piloter cette expérience dans la métropole lilloise, dès la semaine prochaine.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre proposition ?
Il s’agit de mettre en place des tests massifs sur un territoire dans un laps de temps réduit, comme ça a été fait à Liverpool, en Angleterre et en Slovaquie, à l’échelle du pays. Olivier Véran a cité Lille et Roubaix pour cette expérience.
Aujourd’hui, vous attendez le feu vert du ministère ?
Nous avons envoyé une note opérationnelle, dimanche, précisant les modalités d’organisation. L’idéal serait de pouvoir mettre en place cette expérience avant la fin du mois de novembre.
Quel est l’intérêt ?
Arriver à la fin du déconfinement avec un nombre de porteurs sains qui ne le savent pas le plus faible possible, pour qu’on tienne jusqu’au vaccin et éviter une troisième vague, en mars ou en avril.
Pourtant, on teste déjà beaucoup…
On sait que 60 à 70 % des gens qui ont le virus ne savent pas qui les a contaminés. Les histoires de sujets contact, ce n’est pas suffisant. Pour un cas diagnostiqué, on en a encore un ou deux qui sont passés sous les radars.
La clé de la réussite, c’est l’isolement ?
C’est ce qu’on aurait dû mettre en place depuis longtemps. Les hôtels Accor ont proposé leurs chambres. D’autres hôtels pourraient être sollicités. A Lille, il y a des centaines de chambres qui sont inutilisées. Il faut l’organiser avec les mairies.
Un mot sur l’organisation de ces tests…
Il faut que ce soit resserré dans le temps pour être efficace. La durée de vie d’un virus, c’est une semaine dans un individu. Un test massif permet quasiment de l’éradiquer, comme ça a été fait en Chine ou en Nouvelle-Zélande. On donne l’image du cancer. Au départ, il y a le bistouri du chirurgien qui enlève le gros de la tumeur et nous, ce qu’on propose, c’est la chimiothérapie pour tuer les dernières cellules.
Comment faire tous ces tests en même temps, Lille et Roubaix représentant plus de 300 000 habitants ?
Olivier Véran nous a dit qu’il fallait 50000 personnes pour réaliser ces tests dans toute la France. L’Etat n’a pas ce personnel. Il faut que les villes soient partenaires. Une partie de ces tests pourrait aussi être antigéniques, et les pharmaciens peuvent le faire. Il faut que tout le monde s’y mette et multiplier les méthodes.