20 Minutes (Lille)

«Si le BCG se montre efficace, ce sera une arme précieuse»

Chercheur spécialist­e du BCG, Camille Locht croit au potentiel de ce vaccin contre le Covid

- Propos recueillis par Gilles Durand

Et si le BCG était efficace contre le Covid? En mars, l’Institut Pasteur de Lille avait misé sur ce vaccin contre la tuberculos­e. Huit mois après le début des études cliniques auprès des soignants, le projet peine à avancer. Entretien avec Camille Locht, directeur de recherche.

Comment est venue l’idée du vaccin BCG contre le Covid-19?

Nous sommes partis d’une série d’observatio­n montrant, depuis cent ans qu’existe le BCG, que les enfants vaccinés étaient protégés contre d’autres maladies infectieus­es respiratoi­res. C’est le cas notamment en Afrique où le taux de vaccinatio­n BCG est très important.

Et son efficacité contre le coronaviru­s ?

Il fallait monter une étude clinique pour avoir davantage de certitudes. L’organisati­on mondiale de la santé considère qu’il n’y a aucune preuve, même si beaucoup d’études écologique­s lient l’incidence de la maladie à la couverture vaccinale. On constate moins de cas de Covid dans les pays où le taux de vaccinatio­n est important.

En quoi consiste cette étude clinique ?

En mars, quand nous avons commencé, nous avons ciblé les soignants, car ils nous semblaient les plus exposés aux risques. Et il y avait urgence. L’objectif est de faire des tests sur une cohorte de 1000 à 1200 soignants.

Pourquoi cette étude prend-elle autant de temps ?

Elle regroupe 18 centres d’investigat­ions cliniques et de centres hospitalie­rs. Certains sont plus réactifs que d’autres. J’avoue que nous avons du mal à trouver des volontaire­s. Après, on peut comprendre que les soignants, qui sont très sollicités, ne veulent pas entrer dans ce processus.

Si d’autres vaccins plus spécifique­s sont mis sur le marché, quel intérêt de continuer, finalement ?

C’est important d’aller au bout pour en avoir le coeur net. On se donne encore un an. Une quinzaine d’études similaires à la nôtre sont menées dans le monde. Si dans tous ces pays, le BCG finit par montrer son efficacité, ce sera une arme précieuse, car il pourra être encore utile pour les prochaines épidémies de virus respiratoi­res.

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Camille Locht, de l’Institut Pasteur.

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