La Ligue veut être moins gauche sur les droits TV
Football Afin de ne pas répéter le fiasco Mediapro, la LFP veut modifier ses statuts
Après une matinée à évoquer la question urgente de la conciliation avec Mediapro, les membres du conseil d’administration de la Ligue de football professionnel (LFP) ont entamé jeudi après-midi un autre chantier. Moins spectaculaire, mais tout aussi vital, car il représente la toute première étape vers une refonte en profondeur de la gestion du football français.
On parle là d’une modification des statuts de la LFP, afin d’ouvrir la porte à la création d’une société commerciale. Celle-ci aurait, pour résumer, la charge de toutes les activités économiques de la Ligue, notamment la commercialisation des droits TV. Seule ou avec l’aide d’un ou plusieurs investisseurs. Prenons, pour illustrer le propos, l’exemple récent de l’Italie. Après avoir approuvé en septembre la création d’une société consacrée à la commercialisation et la gestion des droits TV, les clubs de Serie A ont validé en novembre l’offre d’un trio d’investisseurs privés, qui s’est engagé à injecter 1,7 milliard d’euros.
En France, ce projet ne date pas des récents déboires avec Mediapro. Poussé par les plus gros budgets du championnat, qui souhaitent une gouvernance simplifiée et dans l’air du temps, il revient régulièrement sur le tapis depuis trois ans. En février 2018, déjà, 16 clubs de l’élite avaient voté un texte pour « engager le processus de création d’une société de développement dont les clubs de Ligue 1 seraient actionnaires ». Le processus est donc enfin lancé. Mais la forme reste floue. L’idée d’une société avec des clubs actionnaires, comme en Premier League, était celle privilégiée par les locomotives de la L1 (PSG, OM, OL). Elle se heurte à un obstacle juridique. « La LFP est une association loi 1901, elle peut créer une société commerciale, mais ne peut pas y mettre des éléments qui relèvent de sa mission de service public, explique Jean-Christophe Breillat, avocat spécialiste en droit du sport chez CDES Conseil. L’organisation des championnats en fait partie, comme tout ce qui concerne la commercialisation des droits d’exploitation de ces compétitions. Essentiellement, les droits TV. » Faire sauter ce verrou nécessiterait une modification du Code du sport. Donc une nouvelle loi. Cela ne semble pas, pour le moment, être la priorité du gouvernement.
La Ligue pourrait se rabattre sur une « filiale commerciale », comme elle l’a indiqué dans un communiqué jeudi, mais cela ne suffira peut-être pas à résoudre le problème. Fragilisée économiquement par le fiasco Mediapro, la Ligue devra dans tous les cas éviter de foncer tête baissée vers le premier investisseur qui proposerait un peu d’argent frais. «La société commerciale et l’ouverture à des fonds ont un côté inéluctable, à condition de rester lucide et maître de son destin stratégique, prévient Arnaud Simon, président de la société In&Out, spécialisée dans les nouveaux modes de diffusion. Il y a des garde-fous, mais on a vu ces derniers temps que ça n’était pas toujours une garantie. Créer une société commerciale n’est pas une solution en soi. C’est un outil pour se transformer. »
La Ligue étudie l’idée de créer une filiale commerciale.