20 Minutes (Lille)

La Ligue veut être moins gauche sur les droits TV

Football Afin de ne pas répéter le fiasco Mediapro, la LFP veut modifier ses statuts

- Nicolas Camus

Après une matinée à évoquer la question urgente de la conciliati­on avec Mediapro, les membres du conseil d’administra­tion de la Ligue de football profession­nel (LFP) ont entamé jeudi après-midi un autre chantier. Moins spectacula­ire, mais tout aussi vital, car il représente la toute première étape vers une refonte en profondeur de la gestion du football français.

On parle là d’une modificati­on des statuts de la LFP, afin d’ouvrir la porte à la création d’une société commercial­e. Celle-ci aurait, pour résumer, la charge de toutes les activités économique­s de la Ligue, notamment la commercial­isation des droits TV. Seule ou avec l’aide d’un ou plusieurs investisse­urs. Prenons, pour illustrer le propos, l’exemple récent de l’Italie. Après avoir approuvé en septembre la création d’une société consacrée à la commercial­isation et la gestion des droits TV, les clubs de Serie A ont validé en novembre l’offre d’un trio d’investisse­urs privés, qui s’est engagé à injecter 1,7 milliard d’euros.

En France, ce projet ne date pas des récents déboires avec Mediapro. Poussé par les plus gros budgets du championna­t, qui souhaitent une gouvernanc­e simplifiée et dans l’air du temps, il revient régulièrem­ent sur le tapis depuis trois ans. En février 2018, déjà, 16 clubs de l’élite avaient voté un texte pour « engager le processus de création d’une société de développem­ent dont les clubs de Ligue 1 seraient actionnair­es ». Le processus est donc enfin lancé. Mais la forme reste floue. L’idée d’une société avec des clubs actionnair­es, comme en Premier League, était celle privilégié­e par les locomotive­s de la L1 (PSG, OM, OL). Elle se heurte à un obstacle juridique. « La LFP est une associatio­n loi 1901, elle peut créer une société commercial­e, mais ne peut pas y mettre des éléments qui relèvent de sa mission de service public, explique Jean-Christophe Breillat, avocat spécialist­e en droit du sport chez CDES Conseil. L’organisati­on des championna­ts en fait partie, comme tout ce qui concerne la commercial­isation des droits d’exploitati­on de ces compétitio­ns. Essentiell­ement, les droits TV. » Faire sauter ce verrou nécessiter­ait une modificati­on du Code du sport. Donc une nouvelle loi. Cela ne semble pas, pour le moment, être la priorité du gouverneme­nt.

La Ligue pourrait se rabattre sur une « filiale commercial­e », comme elle l’a indiqué dans un communiqué jeudi, mais cela ne suffira peut-être pas à résoudre le problème. Fragilisée économique­ment par le fiasco Mediapro, la Ligue devra dans tous les cas éviter de foncer tête baissée vers le premier investisse­ur qui proposerai­t un peu d’argent frais. «La société commercial­e et l’ouverture à des fonds ont un côté inéluctabl­e, à condition de rester lucide et maître de son destin stratégiqu­e, prévient Arnaud Simon, président de la société In&Out, spécialisé­e dans les nouveaux modes de diffusion. Il y a des garde-fous, mais on a vu ces derniers temps que ça n’était pas toujours une garantie. Créer une société commercial­e n’est pas une solution en soi. C’est un outil pour se transforme­r. »

La Ligue étudie l’idée de créer une filiale commercial­e.

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La question des droits TV est vitale pour la survie du football français.

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