20 Minutes (Lille)

«Avec Etienne Daho, on était en osmose totale sur l’album»

Musique Pour son nouvel album, «Oh! pardon tu dormais…», sorti vendredi, Jane Birkin a travaillé en «osmose totale» avec le chanteur

- Propos recueillis par Fabien Randanne

Il y a un tout petit peu plus de vingt ans, Etienne Daho avait assisté à une représenta­tion de la pièce Oh ! pardon tu dormais…, écrite et jouée par Jane Birkin. Il a instantané­ment eu l’envie de la mettre en musique. Les années ont passé et n’ont été qu’une succession de rendez-vous manqués entre les deux artistes. Finalement, le disque est sorti vendredi. Il cajole autant qu’il donne des baffes, laisse la mort rôder au côté de la légèreté. Comme la Jane Birkin que l’on a rencontrée en interview, jonglant entre douceur et gravité.

Comment s’est passée votre collaborat­ion avec Etienne Daho ?

C’était magique. On était en osmose totale. Etienne suggérait un mot, je trouvais ça formidable. Il craignait que telle chose soit exagérée, je lui répondais que c’était parfait. Il a trouvé des titres, remodelé tous mes monologues de Oh ! pardon… Je lui ai donné des chansons qui n’avaient rien à voir, qui étaient sur ma fille Kate, Cigarettes et Les Murs épais. Il a eu la générosité de donner deux ans de sa vie pour créer avec moi ce disque.

Est-ce vrai que vous avez hésité à faire figurer sur l’album Telle est

ma maladie envers toi, qui évoque votre jalousie ?

J’ai hésité à mettre ce texte dans mon journal intime. C’était une telle réflexion sur moi-même, qui était si peu flatteuse, voire terrifiant­e… Et puis j’ai eu l’orgueil de l’écrivain : je trouvais que c’était bien écrit. De ce journal, c’est la seule entrée dont Etienne trouvait que ça ferait une très bonne chanson. Il me poussait au vice. Souvent, il voulait que ce soit dur, un peu nasty, pas sucré, ni gentil tout le temps.

Chanter les deux chansons évoquant votre fille Kate, décédée brutalemen­t en 2013, a-t-il été un exutoire ?

Non. Je les avais écrites toutes les deux dans un moment très pénible alors que j’étais à Lyon en tournée. Le fait de les avoir mises sur des musiques aussi étranges à la Kurt Weill [L’Opéra de quat’sous], c’est choquant. Et c’est bien, parce que… c’est choquant. C’était une idée, une audace d’Etienne et de Jean-Louis [Piérot, l’autre producteur]. Ils ont bien fait. Il paraît que j’ai tardé à leur dire que c’était bien. Ils ont été un peu angoissés pendant trois jours. L’album est sorti le 11 décembre, date anniversai­re de la disparitio­n de Kate…

Il y avait d’autres dates possibles. Il devait sortir plus tôt. Quand on m’a dit qu’il fallait le reporter à fin février, j’étais affligée. Je me disais : «Comment on va garder l’enthousias­me ? » Quand, après, on m’a dit que le disque sortirait en décembre, le 11… J’ai essayé de me dire dans ma tête que c’était une bonne chose. Et qu’elle était loin d’être oubliée.

Envisagez-vous de boucler la boucle et de revenir sur scène avec ces chansons ?

On a une résidence en mars, donc on sera sur la route en avril, si tout se passe bien.

 ??  ?? Il y a vingt ans, Jane Birkin a écrit et joué dans la pièce Oh! pardon tu dormais…
Il y a vingt ans, Jane Birkin a écrit et joué dans la pièce Oh! pardon tu dormais…

Newspapers in French

Newspapers from France