20 Minutes (Lille)

Avec #Lille, les trafics ont un code sur les réseaux sociaux

Avec le hashtag #Lille, on tombe sur des dizaines d’annonces proposant du cannabis, de la cocaïne, des armes ou encore de la fausse monnaie

- Mikaël Libert

Stups and collect. Il y a quelques années, se procurer des stupéfiant­s était relativeme­nt compliqué pour le consommate­ur n’ayant pas les contacts. Il fallait soit maîtriser les arcanes du dark Web, soit prendre son courage à deux mains pour se rendre dans un point de deal connu.

Sur les réseaux sociaux, il est désormais plus facile de dégoter du cannabis ou de la cocaïne qu’une pièce de rechange pour une vieille Twingo. Sur WhatsApp, Snapchat ou encore Twitter, la garantie d’un anonymat quasi total complique la tâche des policiers et gendarmes. Pour ceux qui pensent que l’on exagère, il suffit de se rendre sur Twitter et de taper le très innocent #Lille. Des dizaines d’annonces proposent à la vente diverses sortes de stupéfiant­s. Cannabis, cocaïne, héroïne, kétamine, LSD… Plus rare et aussi plus inquiétant, on trouve des annonces pour de la vente d’armes ou de fausse monnaie.

« Il est interdit d’utiliser notre service à des fins illicites ou pour la poursuite d’activités illégales », commente Twitter, interrogé par 20 Minutes. A ce niveau, que risquent les contrevena­nts ? « Si votre compte est dédié à la vente de biens et / ou services illégaux ou réglementé­s, il peut être suspendu de manière définitive », ajoute l’opérateur. Il ne nous a cependant pas été précisé si les comptes incriminés étaient signalés aux autorités.

Appâter le client

Dans la foulée, Twitter a fait disparaîtr­e quelques comptes que 20 Minutes avait donnés en exemple pour illustrer sa requête. Comptes qui ont été presque aussitôt remplacés par d’autres. De toute façon, les malfaiteur­s n’utilisent cette plateforme que pour « accrocher » le client avec des hashtags d’actualité comme #coronaviru­s, #confinemen­t et, donc, #Lille. L’idée étant que les personnes vraiment intéressée­s passent commande sur d’autres plateforme­s.

Nous avons poussé l’expérience un peu plus loin en contactant deux vendeurs sur Snapchat et un sur WhatsApp. En quelques minutes, nous avions reçu la liste des produits disponible­s ainsi que la grille tarifaire. Il suffit de dire ce que l’on veut et de payer, en bitcoins ou via une carte prépayée. La livraison se fait ensuite à l’adresse indiquée.

Lorsque l’on émet des doutes, l’interlocut­eur va même jusqu’à envoyer des captures d’écran d’échanges avec des clients satisfaits. Derrière les multiples comptes, il y a probableme­nt assez peu de personnes. Après en avoir contacté plusieurs, les réponses reçues étaient presque identiques. Un interlocut­eur sur Snapchat, censé arroser toute la France, nous a affirmé pouvoir assurer des livraisons à Lille en trente minutes.

Pour les autorités, c’est un vrai cassetête, notamment parce que les sièges des réseaux sociaux sont installés à l’étranger, essentiell­ement aux EtatsUnis.

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Les réseaux sociaux, un nouveau canal pour vendre de l’herbe de cannabis.

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