Après l’insurrection, «on peut s’attendre à tout avec Trump»
La politologue Marie-Cécile Naves analyse les conséquences sur la démocratie de l’attaque de militants pro-Trump au Capitole
Des scènes de chaos. Une intrusion au coeur du symbole de la démocratie américaine. Mercredi, à Washington, des partisans de Donald Trump sont entrés dans le Capitole alors que le Congrès américain y était réuni pour certifier la victoire de Joe Biden. «Trump est le président du chaos», commente Marie-Cécile Naves (photo), politologue spécialiste des Etats-Unis.
Joe Biden a condamné une « insurrection ». Comment qualifiezvous cette intrusion violente des pro-Trump au Capitole ?
C’est bien Trump qui a appelé ses partisans à marcher sur le Capitole. Après les scènes que l’on a vues, le terme d’«insurrection» n’est pas trop fort. On a assisté à une tentative de putsch.
Ce sont des faits de violence politique, qui ont fait quatre morts, et qui, par les images et les slogans, ont un pouvoir « performatif » important.
A quoi s’attendre dans les jours et semaines à venir ?
La Maison-Blanche a publié un communiqué dans lequel Trump indique que la transition avec son successeur se fera dans l’ordre, mais il ne reconnaît toujours pas sa défaite. Dès lors, et surtout avec Trump, on peut s’attendre à tout. Il lui reste deux semaines de mandat avant l’investiture de Joe Biden. Il n’est pas exclu qu’il fasse de nouveaux appels à des rassemblements. Il n’a d’ailleurs pas condamné l’invasion du Capitole.
Quel avenir, politique notamment, Donald Trump peut-il espérer ?
Des voix s’élèvent pour recourir au 25e amendement, le démettre de ses fonctions et l’empêcher de se présenter à la présidentielle de 2024. Mais à moins de deux semaines de la fin de son mandat, est-ce vraiment réalisable? J’ignore les suites judiciaires. En revanche, sur le plan politique, il n’est pas dit que le parti républicain le mette à l’écart.
La démocratie américaine est-elle abîmée par cette intrusion ?
Forcément, surtout pour une nation qui se pose en première démocratie de la planète et qui a offert ce piètre spectacle. Mais la démocratie américaine a 250 ans, et elle en a vu d’autres. Alors que Trump n’a eu de cesse de vouloir la détruire, elle a résisté et montré qu’elle était dotée d’institutions solides. Preuve en est, après l’attaque, le Congrès a certifié la victoire de Biden.