Joueurs moins payés face à des crises multipliées
Alors qu’une réunion se tient mardi entre l’UNFP et certains présidents de Ligue 1, la question est désormais au centre des débats
Inimaginable il y a encore quelques années, voire quelques mois, quand l’argent coulait à flots dans les veines du football français, la baisse des salaires des joueurs n’est aujourd’hui plus un tabou. C’est même désormais une évidence pour la grande majorité des gens du milieu, alors que se tient mardi une réunion entre l’UNFP – le syndicat des joueurs pros – et certains présidents de L1 à l’origine de cet appel à l’aide. Tout le monde en est conscient, donc, à commencer par les principaux intéressés. Interrogé avant la trêve sur le sujet, Paul Baysse, le défenseur des Girondins de Bordeaux et membre du comité directeur de l’UNFP, montrait l’exemple : « On sait bien que les clubs sont en difficulté avec la crise sanitaire, et l’affaire avec Mediapro n’arrange rien, expliquait-il. Au mois de juin 2020, on avait déjà été sollicités pour baisser nos salaires et tout le monde était favorable à ça pour aider le club. Si on doit en passer par là, on sera tous solidaires. Je pense que tout le monde est prêt à faire des efforts financiers.» Une déclaration approuvée par plusieurs autres joueurs de L1, eux aussi très collectifs.
La goutte d’eau Mediapro
Ces discours empreints de solidarité détonnent de la part de footballeurs volontiers taxés de nombrilisme et pointés du doigt pour leur déconnexion du monde réel. C’est qu’en plus de la crise du Covid, qui a vidé les stades et les caisses des clubs, l’ouragan Mediapro a fait office de seconde lame dévastatrice, au point que la survie pure et simple de certains clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 est aujourd’hui en jeu. Sur La chaine L’Equipe, récemment, l’économiste du sport Pierre Rondeau estimait à la louche qu’un tiers des clubs pros français pourraient fermer boutique à court ou moyen terme, si rien n’était fait d’ici là. «Mediapro, c’est la goutte d’eau, mais disons que le vase était déjà très, très rempli, avance Christophe Lepetit, responsable des études économiques au CDES de Limoges. D’autres clubs en Europe, et parmi eux des très grands comme le Barça, ont commencé à s’engager sur la voie de la réduction des salaires. Ce qui veut dire que, même sans la crise Mediapro, les clubs auraient quand même très probablement dû se mettre à la table des négociations avec les joueurs pour envisager une telle mesure.»