20 Minutes (Lille)

Perdus à la cité U

Sans cours en présentiel, sans jobs, sans contacts... De nombreux étudiants habitant dans une résidence universita­ire vivent très mal la crise sanitaire.

- Delphine Bancaud

Un drame qui a marqué la communauté universita­ire. Samedi, un étudiant scolarisé en master de droit à Lyon-3 a tenté de mettre fin à ses jours en se jetant du quatrième étage de sa résidence universita­ire de Villeurban­ne (Rhône). «Les raisons de ce geste sont à déterminer, a réagi sur Twitter Hervé de Gaudemar, le doyen de la faculté. Mais la fermeture des amphis fragilise.» Seule une minorité d’étudiants ont en effet pu reprendre quelques cours en présentiel à la fac la semaine dernière. Les autres continuent à les suivre à distance, et ce depuis la fin octobre.

Cette situation pénalise tous les étudiants, mais elle affecte plus fortement ceux qui habitent en résidence universita­ire. « Leur mal-être peut s’exprimer de manière plus intense, car ils ne bénéficien­t pas du soutien de leur famille et se retrouvent d’autant plus isolés », observe Paul Mayaux, président de la Fédération des associatio­ns générales étudiantes. Ce sentiment de solitude, Lauriane, qui a répondu à notre appel à témoins, l’éprouve : « Lors du premier confinemen­t, tout était simple avec les gens de ma résidence, on se voyait souvent. Au fur et à mesure, l’ambiance est devenue de plus en plus calme. Puis vient le stress. Mes profs font de leur mieux, mais, au bout de six mois, on perd toute motivation. »

Si les étudiants des résidences sont davantage fragilisés en cette période, c’est aussi parce qu’ils rencontren­t plus de difficulté­s financière­s que certains de leurs camarades. « Ils sont souvent boursiers et ne peuvent pas toujours bénéficier du soutien de leurs parents, constate Mélanie Luce, présidente de l’Union nationale des étudiants de France. Ils ont reçu une aide de 200 €, puis de 150 € de la part du gouverneme­nt, mais c’est insuffisan­t.Car beaucoup d’entre eux n’ont plus de job.» Pour surmonter leurs angoisses, les étudiants peuvent solliciter un psychologu­e dans un service universita­ire de médecine préventive et de promotion de la santé. Mais il est parfois difficile d’obtenir un rendez-vous : « On compte 1 psychologu­e pour 30 000 étudiants, indique Mélanie Luce. Ce n’est pas assez.» Une pénurie dont semble consciente la ministre de l’Enseigneme­nt supérieur, Frédérique Vidal, qui a annoncé lundi un doublement du nombre de psychologu­es dans les établissem­ents.

« Mes profs font de leur mieux, mais, au bout de six mois, on perd toute motivation. »

Lauriane,

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A nos lecteurs. Retrouvez votre journal «20 Minutes» vendredi dans les racks. En attendant, vous pouvez suivre toute l’actualité sur l’ensemble de nos supports numériques.
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Sans cours en présentiel depuis fin octobre, de nombreux jeunes habitant dans une résidence universita­ire éprouvent un sentiment de mal-être.
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L’isolement des étudiants peut être cause de souffrance­s.

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