20 Minutes (Lille)

«Les indicateur­s de mal-être sont au rouge»

- Propos recueillis à Lyon par Caroline Girardon

En France, le risque suicidaire est de 6 à 7 % parmi la population étudiante. Caroline Combes, médecin et directrice du centre de santé universita­ire de Lyon, explique les ressorts de ce mal-être.

La population étudiante est-elle plus touchée psychologi­quement ?

Mes patients sont uniquement des étudiants. De fait, je dispose de peu d’éléments de comparaiso­n. En revanche, je sais que les motifs de consultati­on actuells sont prioritair­ement des motifs de santé mentale liés à la perte de motivation. Je constate, depuis janvier, une augmentati­on des idées noires et du scénario suicidaire. Cela ne veut pas dire que les étudiants passeront à l’acte. Nous n’avons pas d’indicateur­s en ce sens. Par contre, les indicateur­s de mal-être sont au rouge.

Ce mal-être est-il uniquement lié à l’épidémie de Covid-19 ?

Les difficulté­s de santé mentale préexistai­ent à la crise sanitaire. Mais l’isolement, le confinemen­t, la précarité, le fait que les familles ne soient pas toutes aidantes financière­ment ou affectivem­ent, sont des éléments qui peuvent déclencher du mal-être.

Le ministère de la Santé a-t-il pris conscience de cette situation ?

Je crois qu’il y a une prise de conscience.

Il y a eu une annonce du nombre de recrutemen­ts des psychologu­es et des assistants sociaux. C’est une bonne nouvelle. Cependant, je reste inquiète. Cette mesure permet d’éteindre le feu, mais elle ne coupe pas le gaz.

Plus globalemen­t, pensez-vous que la santé mentale des étudiants est un sujet sous-estimé en France ?

Oui. En tout cas, cette pandémie a eu le bénéfice de mettre en lumière les problémati­ques de santé des étudiants. C’est un public à surveiller avec beaucoup de vigilance, parce que ce passage de vie du jeune adulte à l’adulte n’est pas simple.

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