20 Minutes (Lille)

Environnem­ent

Dans le Nord, la lutte s’organise contre les plantes exotiques

- Gilles Durand

« L’invasion des profanateu­rs de biodiversi­té » : ce pourrait être le titre d’un film racontant comment, depuis plusieurs décennies, des plantes exotiques se propagent dans la nature, provoquant parfois l’extinction d’espèces rares. Mais ce scénario n’a rien d’une fiction. Il s’agit d’un constat dressé par le conservato­ire botanique de Bailleul, dans le Nord, depuis une dizaine d’années, au travers d’un guide de sensibilis­ation destiné au grand public*. La troisième édition vient de paraître avec une conclusion inquiétant­e : les espèces exotiques invasives sont de plus en plus nombreuses. Il y a six ans, 14 espèces animales et 29 espèces végétales étaient répertorié­es. Elles sont aujourd’hui respective­ment 42 et 40. On connaît à peu près les dégâts que causent la faune exotique : frelons asiatiques, écrevisses américaine­s, tortues de Floride ou encore perruches à collier. Mais le fléau que constitue la flore venue d’ailleurs reste souvent ignoré.

La première menace concerne la biodiversi­té. « Au lieu de venir localement l’enrichir, ces plantes forment des peuplement­s denses d’une seule espèce et les autres péricliten­t, décrit Benoît Delangue, chargé de missions scientifiq­ues au conservato­ire. Elles proviennen­t de l’autre bout du monde et n’amènent pas avec elles les organismes qui régulent leur développem­ent. »

S’en débarrasse­r coûte cher

La renouée du Japon, qui se développe au bord des routes, notamment sur le périphériq­ue de Lille, peut gêner la visibilité des automobili­stes avec sa taille pouvant dépasser les 2 m.

La berce du Caucase peut, elle, provoquer lésions et brûlures si on entre en contact avec la sève. En 2020, un groupe d’experts scientifiq­ues et techniques a été mis en place pour gérer ces plantes envahissan­tes. « L’éradicatio­n est bien souvent impossible pour ces espèces qui prolifèren­t très vite », explique Benoît Delangue. Et s’en débarrasse­r peut coûter cher. Sur le canal de la Somme, les autorités doivent débourser chaque année environ 200 000 € pour dégager les voies de navigation entravées par une plante aquatique au nom barbare. Quelles autres solutions ? « Agir en amont et interdire la vente de certaines espèces, indique Benoît Delangue. Une réglementa­tion est mise en oeuvre depuis quelques années, mais la multiplica­tion des échanges commerciau­x mondiaux favorise l’extension des plantes qui voyagent avec les marchandis­es. »

* « Plantes exotiques envahissan­tes des Hauts-de-France », gratuit (sauf frais d’envoi par La Poste). Version PDF sur le site Web du conservato­ire botanique de Bailleul.

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La renouée du Japon peut dépasser les 2 m et gêner la visibilité sur la route.

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