20 Minutes (Lille)

Thomas Ruyant

«Boucler mon tour du monde, c’est une grande fierté»

- Propos recueillis par William Pereira

Heureux d’avoir pu boucler son premier tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, mais frustré de terminer la course hors du top 5 après avoir passé 72% de l’aventure dans le top 3, Thomas Ruyant (LinkedOut) n’a envie de retenir «que le positif».

Quel bilan tirez-vous de ce Vendée Globe où vous avez tout le temps été aux avant-postes?

Ma première envie, c’était de finir. J’ai bouclé mon tour du monde et c’est une grosse fierté. On s’est donnés les moyens d’avoir un projet performant, un super bateau. L’objectif était de naviguer aux avant-postes et on a réussi à le faire. Je ne voulais pas avoir de regrets sur cette course et j’y ai mis toute mon énergie. Je n’ai pas de regrets aujourd’hui.

C’est un Vendée Globe où la météo vous a empêché de vous envoler. A l’exception des alizés sur la descente de l’Atlantique…

Oui, pour moi, ça reste les meilleurs bords de la course. J’ai un bateau à 100%, je suis à l’aise, je me rends compte que j’arrive à être le plus rapide de la flotte sur des allures importante­s. Je suis en pleine confiance avec mon bateau et donc je peux imposer un rythme à la course. C’est ce que je me disais le long du Brésil quand j’arrive à combler les 200 milles sur Alex Thomson qui est devant, à creuser l’écart sur Charlie [Dalin], à passer en tête avec 80 milles d’avance. Mais, derrière, je pète vite mon foil. Et je sais que la course va être compliquée. Donc je m’accroche, mais avec beaucoup de frustratio­n.

Il y a aussi eu ce beau moment, à l’ouest des Falkland, après le cap Horn, qui vous remet dans le match…

Typiquemen­t, avec la descente du Brésil à l’aller, cette phase après le cap Horn où je sens une ouverture dans laquelle je peux me glisser, je suis sur le bon bord (rires). Là, c’est un super moment, ne serait-ce que parce que je viens de passer le cap Horn. Je me glisse dans le détroit de Le Maire, où c’est vraiment magnifique, et en prime je retrouve une mer plate, je me retrouve en bâbord amure après un sud où j’ai fait que du tribord. Je remonte quand même 300 milles en deux-trois jours.

Qu’est-ce que vous avez caché pendant la course en termes de dégâts ?

Plein de petites choses, mais c’est le lot de tous les bateaux. C’est ça, le Vendée Globe. T’as une merde par jour à régler, parce que ce sont des bateaux extrêmes et très techniques. Là où je suis content, c’est que ces avaries hors foil, on a réussi à les gérer en ne perdant pas en performanc­e. J’ai fait cinq ascensions dans le mât pour régler des problèmes de hook, de girouette... On a réussi à chaque fois à le faire au bon moment, dans le bon timing de la course.

Il a beaucoup été question du rendu décevant des foilers. Quel est votre regard sur la question ?

«C’est aussi ça, le Vendée Globe. T’as une merde par jour à régler.» Thomas Ruyant

Je pense qu’on est dans une vraie transition technique en course au large. C’est la première génération avec des foils aussi grands et des bateaux qui peuvent littéralem­ent voler. On est encore en train d’apprendre de ces bateaux. Typiquemen­t, il y a plein de pièces standards sur mon bateau qui sont éprouvées depuis des années et qui n’ont pas tenu parce qu’on est passés dans un autre monde. On est encore dans cette transition. Mais je suis convaincu que l’avenir, c’est ces bateaux-là.

Donc rendez-vous pour le Vendée Globe 2024 ?

Je suis arrivé il n’y a pas très longtemps, je dois encore digérer mon tour du monde. Mais mon histoire avec le Vendée Globe n’est pas finie.

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Thomas Ruyant a passé 72 % du temps de course dans le top 3 sans pouvoir s’envoler devant, à cause de la météo.
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