Une appli propose un refuge chez des détaillants FDJ
Harcèlement de rue L’application Garde ton corps propose un réseau de lieux refuges où peuvent être accueillies les victimes
Il est encore loin, hélas, le temps où les femmes pourront se balader sereinement dans la tenue qu’elles veulent, à l’heure qu’elles veulent et où elles veulent sans risquer de se faire importuner ou agresser. Et parce que miser sur une prise de conscience des harceleurs pourrait se révéler long, voire impossible, il faut bien trouver des solutions alternatives, d’urgence. On se souvient de l’initiative « Lille sans relou». Il y a désormais aussi, dans la capitale des Flandres, l’application Garde ton corps.
C’est en 2019, à Aix-en-Provence, que Pauline Vanderquand a eu l’idée de cette application mobile. Victime de harcèlement un soir en rentrant chez elle, la cofondatrice de Garde ton corps avait tenté de se réfugier dans un bar. «Elle s’est heurtée au refus du vigile de la laisser entrer malgré la situation », assure
François Morival, son associé. Du coup, Pauline a réfléchi à une solution pour que cela ne se reproduise plus. « Garde ton corps, c’est d’abord une application qui référence des commerçants estampillés ‘‘safe place’’. Autrement dit, des lieux dans lesquels les victimes de harcèlement seront certaines d’être accueillies», explique François Morival.
Déjà un «lieu refuge»
A Lille, la cartographie en répertorie une cinquantaine. La particularité est que tous sont des détaillants de la Française des Jeux (FDJ). « Nos détaillants sont tous des commerçants de proximité très impliqués dans la vie locale et au service des habitants», souligne Lorenzo Ferrante, responsable de la FDJ à Lille. « Ce partenariat nous a permis de trouver rapidement de nombreux ‘‘lieux refuges’’ avec un très bon maillage du territoire», reconnaît le cofondateur de Garde ton corps.
Sur la Grand-Place de Lille, le bar-tabac La Voûte fait désormais partie du réseau. Le patron, Guillaume Palka, n’a pas hésité à répondre favorablement à la sollicitation de la start-up : «De fait, nous sommes déjà un ‘‘lieu refuge’’. Lorsqu’il y a eu des bagarres pendant l’Euro 2016, quand il y a des blessés pendant les manifs. Pour nous, c’est logique», assure-t-il. Il se souvient même avoir coursé avec ses serveurs un homme qui avait mis une main aux fesses d’une cliente.
Outre la fonction « lieu refuge », Garde ton corps dispose d’un service de géolocalisation des déplacements. Sur un trajet établi, l’appli envoie une alerte à des personnes de confiance si l’utilisatrice change de direction de façon significative. Et si la personne ne donne pas de nouvelle, elle peut être retrouvée grâce à ses coordonnées GPS.
Alors, certes, il reste la question du harcèlement en dehors des heures d’ouverture des détaillants. « Pour l’instant, la question ne devrait pas se poser avec le couvre-feu. Mais dès que les bars et les restaurants pourront rouvrir, nous les solliciterons pour entrer dans le réseau», assure François Morival.