A la fois virulent et s’attaquant aux jeunes, le variant brésilien montre un visage inquiétant
Covid-19 Paris a suspendu mardi les vols avec le Brésil, qui traverse une nouvelle vague meurtrière
Après quarante-huit heures d’alertes de médecins et de critiques de l’opposition, Paris a tranché : la France suspend « jusqu’à nouvel ordre » tous les vols avec le Brésil. Pourquoi? Le deuxième pays le plus endeuillé au monde à cause de la pandémie de Covid-19 traverse une nouvelle vague dramatique, avec environ 4 000 décès par jour. Et un changement de taille : 52 % des patients en réanimation ont désormais moins de 40 ans. La faute, entre autres, au variant brésilien, dit P1.
« Une possibilité malheureuse »
Selon Santé publique France, P1 serait entre 40 % et 120 % plus contagieux que la souche initiale du SARS-CoV-2. Est-il plus mortel ? Pour le moment, il n’y a pas d’impact décrit sur la sévérité de la maladie. Il est en tout cas responsable d’une hécatombe au Brésil, où l’épidémie a fait près de 355 000 morts. Mais Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine), met en garde contre des prévisions catastrophistes hâtives, car « c’est très compliqué de comparer Rio et Paris ». Les décisions politiques n’ont pas été les mêmes. Le président brésilien, Jair Bolsonaro, antivaccin notoire, se refuse à confiner le pays depuis des mois. Par ailleurs, le vaccin diffusé au Brésil est le CoronaVac, dont l’efficacité tournerait autour de 50 %, alors que la France a misé sur les vaccins Pfizer (95 % d’efficacité), Moderna (94%), AstraZeneca (70%) et bientôt Janssen (66 %, lire l’encadré). L’infectiologue nuance également la vision d’une «épidémie cataclysmique pour la jeunesse » : « Au Brésil, la moyenne d’âge en réanimation, entre 40 et 50 ans, s’explique, car quand vous avez 500 malades en liste d’attente, on priorise les plus jeunes. Le tri entre patients, c’est ce qu’ils vivent. Et c’est une possibilité malheureuse pour nous. »
En France, la diffusion du P1 reste très limitée. Détecté dès février, il ne serait responsable que de 0,5 % des contaminations, selon la dernière enquête flash (16 mars) sur les variants. Concernant l’efficacité des vaccins, « c’est la grande question, assure Benjamin Davido. C’est d’ailleurs le seul variant, pour le moment, pour lequel on n’a aucune réponse. S’il se diffuse rapidement en France, s’il est aussi meurtrier qu’au Brésil, s’il crée des réinfections chez les 20 % de Français qui sont déjà tombés malades, ce sera un scénario catastrophe. »