20 Minutes (Lille)

Il se lance un défi vertigineu­x

Challenge Handicapé moteur, Morad Ferrahi a décidé de gravir le mont Blanc

- Francois Launay

Un mental à déplacer les montagnes. A 38 ans, Morad Ferrahi a décidé de tenter l’ascension du mont Blanc au mois de juin. Rien d’étonnant, à première vue. Sauf que ce grand sportif souffre d’un handicap moteur. Depuis l’âge de 7 ans, cet habitant de Wattrelos, commune de la métropole lilloise, souffre d’une fragilité neurologiq­ue qui a affecté les membres inférieurs de ses jambes. Au quotidien, le Nordiste boite quand il marche. Mais, quand il fait du sport, tout disparaît ou presque. «Mes parents m’ont toujours considéré comme un enfant valide, raconte Morad. Je n’ai jamais fait de handisport. J’ai fait de la gym, puis du foot qui est ma grande passion.» Mais son handicap va lui revenir en pleine figure, il y a cinq ans. Pour la première fois de sa vie, le Wattrelosi­en part skier à la montagne, où rien ne se passe comme prévu : « Skier est devenu mission impossible, explique ce sportif. Je n’avais aucun équilibre, rien. C’est la première fois de ma vie que je me suis demandé ce que j’allais faire. Jusque-là, j’avais oublié mon handicap mais la neige m’a eu. Du coup, je me suis assis deux heures pour réfléchir en haut d’une piste.»

Plutôt que de baisser les bras, il décide de chausser les raquettes pour randonner en montagne et y retourne chaque année. Il y a deux ans, l’ascension de la pointe d’Autigny (1 808 m) lui sert de déclic : « De là, on avait une vue formidable sur le mont Blanc. Et j’ai ressenti un truc. Je me suis dit que c’était mon prochain défi. »

«Mental de guerrier»

Depuis, Morad vit, mange et dort mont Blanc. Pour tenir les cinq à six jours d’ascension vers le plus haut sommet d’Europe (4 809 m), il s’attelle à une grosse préparatio­n en amont. De la muscu et du cardio tous les jours, 50 km de vélo tous les week-ends, sans oublier un préparateu­r physique à dispo pendant huit semaines pour bosser le renforceme­nt musculaire spécial randonnée de haute montagne. L’objectif est d’être fin prêt pour atteindre son but. «Je ne veux rien prouver, lâche Morad, désormais prêt à atteindre le sommet de la résilience. Mon message est à la fois personnel et universel. Le but, c’est d’encourager les gens valides et invalides, leur dire que tout est possible tant qu’on est en vie. A condition d’avoir un mental de guerrier. Je ne dois pas être à 100% mais à 300%. Je n’ai pas deux jambes, j’en ai dix. Je n’ai pas le choix. Je me suis construit comme ça.»

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Grand sportif, Morad Ferrahi boite depuis l’âge de 7 ans.

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