Les jeunes, cibles de la Superligue
« Sauver le foot. » C’est le but, louable, de Florentino Pérez, président du Real Madrid et l’un des pères fondateurs de la Superligue. Pourtant, la tendance du côté des fans est plutôt à tout faire pour tuer dans l’oeuf ce projet. Et ils semblent en passe de réussir leur affaire. Ainsi, mardi soir, de nombreux supporteurs de Chelsea se sont réunis devant le stade des Blues pour protester contre la Superligue, avec des pancartes « RIP Football », « Créé par les pauvres, volé par les riches ».
« C’est devenu trop cher »
Alors, qui est donc ce supporteur mystère pour lequel oeuvrent les instigateurs de la Superligue ? « Les jeunes, les 16-24 ans, n’ont plus d’intérêt pour le foot, croit savoir le président du Real. Pourquoi ? Parce qu’il y a beaucoup de matchs de mauvaise qualité. Les enfants trouvent les matchs trop longs. »
Du coup, la solution serait d’offrir des affiches de gala matin, midi et soir avec cette Superligue. « Si les jeunes se désintéressent du foot, c’est d’abord parce que c’est devenu trop cher à suivre pour eux, estime Ronan Evain, directeur général de l’association Football supporters Europe. Au lieu de rendre le foot plus accessible, on le transforme en un produit de divertissement, en reproduisant des schémas de compétitions comme ils existent dans l’e-sport. » L’e-sport est ainsi pris en exemple par ceux qui veulent révolutionner le foot. Mais Paul Arrivé, journaliste spécialisé à L’Equipe, ne comprend pas vraiment les propos de Pérez : « N’importe quel match d’e-sport dure plus longtemps qu’un match de foot », tranchet-il. Pour lui, « c’est surtout une question d’accessibilité. Si tu veux regarder l’e-sport, c’est gratos, c’est sur Internet, c’est là où sont les jeunes. »