Pourquoi l’ARN messager éclipse ses concurrents
Sa technologie semble la plus adaptée contre les différents variants du coronavirus
La clé d’un quotidien sans Covid-19, les autorités sanitaires le martèlent, c’est la vaccination, dont l’ouverture généralisée aux plus de 18 ans est prévue cet été. Mais avec quels vaccins et pour quelle efficacité? Les risques de thrombose associés aux vaccins AstraZeneca et Janssen ont refroidi une partie des populations éligibles à la vaccination, qui aujourd’hui boudent ces sérums. Dans cette tempête virale, le «vaisseau ARN messager» lui, ne tangue pas. Et, maintenant, tout le monde ou presque veut se faire vacciner avec du Pfizer ou du Moderna, aux prouesses implacables.
Il est probable que l’Europe ne fasse pas de nouvelles commandes de vaccins AstraZeneca.
Alors, « pour résolument vaincre le virus, nous devrons être prêts, à un certain moment, à faire des rappels pour renforcer et prolonger l’immunité et, si des variants résistants apparaissent, nous devrons mettre au point des vaccins adaptés», a rappelé Ursula Von Der Leyen, la présidente de la Commission européenne, le 13 avril. Et pour la cheffe de l’exécutif communautaire, la solution est claire : il faut se fonder sur « les technologies qui ont fait leurs preuves, ce qui est le cas des vaccins à ARNm ». A savoir, Pfizer-BioNTech et Moderna, les deux sérums à ARN messager disponibles à ce jour, qui seront bientôt rejoints par l’Allemand Curevac. Ainsi, si « la décision n’est pas tranchée », « la plus grande probabilité » est que l’Europe ne fasse pas de nouvelles commandes de vaccins AstraZeneca, a déclaré la ministre française de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, il y a quelques jours.
Dans le même temps, la crainte grandit autour des variants brésilien et sud-africain du coronavirus. « Ces variants posent souci parce qu’ils causent un échappement immunitaire, c’est-à-dire qu’ils réduisent la réponse immunitaire protectrice induite par la vaccination, explique Daniel Floret, vice-président de la Commission technique des vaccinations de la Haute autorité de santé. AstraZeneca se révèle ici moins protecteur. Et, ce que l’on sait, c’est que les deux vaccins à ARNm gardent une bonne efficacité contre ces variants plus virulents, probablement un peu moins bonne que sur le variant anglais et sur la souche initiale, mais tout de même très satisfaisante. » Pour autant, les vaccins anti-Covid élaborés selon des formulations plus classiques – à vecteur viral – ne doivent pas être mis au rebut. «Aujourd’hui en France, c’est le variant anglais qui est dominant, il représente plus de 85 % des infections, et contre ce variant, Pfizer, Moderna, mais aussi AstraZeneca et Janssen sont efficaces», rappelle Daniel Floret, qui souligne qu’il est « également possible d’adapter aux nouveaux variants les formulations des vaccins à vecteur viral ».