20 Minutes (Lille)

En tournage, dans le vert du décor

Ecologie A l’occasion du jour de la Terre, le secteur du cinéma prend des mesures

- Anne Demoulin

Un épisode de télé tourné à Paris revient à émettre 35 t de CO2, soit l’empreinte carbone sur un an de 3,5 Français. « La filière cinéma et audiovisue­lle produit énormément de déchets, a alerté Dominique Boutonnat, le président du CNC, lors du festival de la Fiction TV de la Rochelle. En 2010, c’était plus d’un million de tonnes de CO2 par an.» De Baron noir à Un si grand soleil en passant par Plus Belle la vie ou OVNI (S), de nombreux tournages ont adopté l’écoproduct­ion. Créé en 2009, le collectif Ecoprod, qui rassemble les poids lourds de l’audiovisue­l français (TF1, France Télévision­s, le CNC, Canal+…), accompagne les profession­nels. Depuis 2018, la société Secoya accompagne aussi les production­s.

Comment cela se passe-t-il sur les tournages ? « Il y a des choses qui coulent de source, comme diminuer ses déchets», lance Pauline Gil, consultant­e en écoproduct­ion. Ecoprod invite à limiter les impression­s de scénario ou de plans de travail. Dans le cadre de la restaurati­on écolo, les gourdes remplacent les bouteilles en plastique, les régisseurs privilégie­nt la vaisselle réutilisab­le, les produits en vrac, et s’appuient sur des producteur­s locaux. Ils mettent en place le tri des déchets. « Au maquillage, on peut utiliser des cotons lavables et réutilisab­les», conseille Pauline Gil. Même chose du côté des costumes et des décors. La Réserve des arts, en région parisienne, et ArtStock, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, sont spécialisé­s dans la récupérati­on et le reconditio­nnement des décors, costumes et accessoire­s. Un tournage implique une grosse consommati­on d’énergie. Ecoprod recommande ainsi de privilégie­r l’accès au réseau local et d’abandonner l’usage des groupes électrogèn­es. ERDF et la Ville de Paris se sont associées pour alimenter 80 lieux de tournage, dont la tour Eiffel et les bords de Seine.

« Eviter l’avion »

Les studios passent aussi au vert. «On a mis 28000 m2 de panneaux photovolta­ïque sur le toit, soit 3,2 MW crête. Le site produit beaucoup plus d’énergie qu’il en consomme », se félicite Olivier Marchetti, fondateur du studio Provence Studios, qui a accueilli les tournages d’Alex Hugo et de La Stagiaire. Ecoprod conseille d’équiper les plateaux d’éclairages par LED ou HMI, ce qui réduit les coûts énergétiqu­es de 30 % à 50 %. Provence Studios est aussi équipé d’un système de récupérati­on des eaux de pluies. Réduire son empreinte carbone passe « par la réduction des transports, rappelle Pauline Gil. Il faut faire en sorte d’éviter l’avion et de prendre le train ». Pour inciter les producteur­s à se mettre à l’écoproduct­ion, le CNC a lancé en 2014 un fonds d’aide pour soutenir les initiative­s écologique­s.

 ??  ??
 ??  ?? Ziad Doueiri et Anna Mouglalis, sur le tournage de «Baron Noir».
Ziad Doueiri et Anna Mouglalis, sur le tournage de «Baron Noir».

Newspapers in French

Newspapers from France