Le street art prêt à envoûter toute la ville à la fin mai
Histoire Une conférence dédiée à l’art mural est proposée fin mai par l’association des Amis des musées de Lille
A Lille, le street art est en passe de devenir une institution. Patrice Desdoit, historien, membre de l’association des Amis des musées de Lille, consacrera, le 30 mai, à ce sujet une visio conférence, alors que la Métropole européenne de Lille (MEL) s’est mise à recenser sur son site Internet, au moyen d’une carte interactive, plusieurs centaines d’oeuvres de street artists locaux.
Les fresques et graffitis envahissent les murs de Lille et de ses environs. Il y en a pour tous les styles. Neiluj (@neiluj_lil sur Instagram) fait principalement du collage de peintures acryliques sur craft. Cet éducateur de métier a commencé à coller lors du premier confinement : « C’est un moyen d’expression. C’est thérapeutique pour moi, d’abord. Et puis, dès l’instant où tu colles, ça appartient à la rue. Ça peut être bouffé par le temps, la pluie, ça le rend vivant. » L’objectif de l’artiste était aussi de « dynamiser la ville alors que les seuls trucs qu’on pouvait faire, c’était se balader ».
«Un moment de partage»
Si Neiluj se concentre sur le noir et blanc, Sylvain (alias @m.koeur sur Instagram) est le maître des couleurs. Si vous croisez un personnage en forme de coeur avec une couronne sur les murs de Roubaix ou du centre de Lille, c’est forcément monsieur Koeur. Cela fait maintenant quatre ans que Sylvain fait évoluer son petit héros rouge : « J’avais vu ma compagne et sa fille dessiner des coeurs sur la plage. Puis, j’ai fait un gros travail sur moimême. Mon objectif était de remettre ce coeur en avant, de se recentrer sur l’important à une époque où on est focalisés sur le boulot. » C’est comme ça que le personnage est né. Le street art permet à Sylvain de pointer le positif, comme une rencontre avec un petit garçon pendant qu’il faisait une peinture. « Ses parents m’ont contacté, il leur en parlait beaucoup, ça l’a marqué », se souvient-il, enthousiaste. C’est ce qu’Aket Kubic (@aketkubic sur Instagram) préfère dans la pratique du street art. «Les gens viennent te voir pour discuter, connaître ton projet. Je vois ça comme un échange, un moment de partage, que tu n’as pas quand tu es tout seul devant ton tableau. » L’artiste de 30 ans a essayé plusieurs supports, le dessin, la BD, la peinture, et même le tatoo. Mais Aket Kubik est revenu au graffiti après une pause de dix ans. « La colorisation des bombes est différente, le matériau aussi.» Le trentenaire s’inspire surtout du cubisme, de Picasso et de Bernard Buffet, entre autres. Témoin de la diversité des oeuvres de street art, le collectif Renart, rassemblant plusieurs artistes, a aussi réalisé, en collaboration avec Des Friches et des lettres, deux longues fresques. Elles racontent l’histoire du quartier de l’Union, situé entre Roubaix et Tourcoing, à la demande de la société Ville renouvelée, acteur de l’aménagement urbain de la MEL.