MONEY JUNGLE, NOTRE FEUILLETON
David d’Équainville (éditeur et auteur) et Pascal Henry (journaliste d’investigation et réalisateur) ont raconté, lors des trois premières saisons de « Money Jungle », une série librement inspirée de faits réels, les mésaventures de l’oligarque Oleg Chestov, collectionneur de chefs-d’oeuvre, prêt à tout pour préserver sa fortune, conquise dans des circonstances non encore élucidées à ce jour. Affaibli par un cancer, il est obligé de jouer toutes sortes de double jeu, entre les Américains et les Russes, pour échapper aux conséquences de la guerre en Ukraine, entre le Prince du Royaume et un puissant promoteur immobilier, pour obtenir un passeport saufconduit. L’étau ne cesse de se resserrer lentement.
Résumé de l’épisode 9 : L’agent du FBI Peter Klimenko, en assemblée avec ses collègues chargés de la traque des avoirs russes, a défini les cibles pour atteindre l’oligarque Chestov. En premier lieu, il désigne l’adjoint du milliardaire russe, un certain Popov, au profil trouble.
Relents de guerre froide
Définitivement old school, l’agent Peter Klimenko avait conservé cette habitude de rédiger des fiches sur du bristol et de stabiloter les points clés pour chacun de ses « clients ». La fiche de Dimitri Popov
était presque toute stabilotée. L’agent du FBI, au centre de la table en U autour de laquelle ils avaient tous pris place, tenait la fiche entre ses deux index, tendus comme une carte maîtresse.
Il était persuadé que, pour neutraliser Chestov, il fallait attaquer Popov. Il connaissait la psychologie des Russes, particulièrement ceux de la communauté du renseignement. Comme un relent de vieux souvenirs de la guerre froide. Les plus jeunes parmi les participants ne pouvaient pas tout à fait savourer, et percevoir ce qu’il y avait de réflexes lentement acquis pour détecter dans la partie adverse, des pièces maîtresses ou des leurres. Et, pour l’agent Peter Klimenko, Popov était la pièce majeure. Il ne fallait pas s’y tromper, il était un agent de poids. Tel un chien de chasse, Klimenko avait reniflé la bête. Le combat pouvait commencer. « Popov, d’après nos informations, est un envoyé direct du Kremlin auprès de Chestov, pour à la fois le surveiller et agir ensemble. Chestov le sait et s’en méfie. Il veille à garder les coudées franches. Il pense toujours, du haut de sa suffisance, qu’il est plus fin, plus anticipateur, meilleur calculateur. C’est certainement qu’il détient une carte secrète au sein de notre propre administration. » L’annonce jeta un froid parmi les participants. Le réseau trumpiste, presque démantelé depuis l’arrivée du président démocrate aux commandes, agirait encore.