20 Minutes (Lille)

Le Livret A, plan B face à l’inflation

- Jean-Loup Delmas

Ce mercredi, le taux du Livret A gagne un point et passe à 3 %. Ça ne fait pas de mal, mais c’est insuffisan­t. Certes, cela faisait quinze ans qu’il n’avait pas connu une telle hausse. Mais « en rendement réel – c’est-à-dire ce que rapporte vraiment le Livret A avec le coût de la vie et l’évolution des prix –, c’est l’un des pires niveaux depuis les années 1980 », avertit Philippe Crevel, économiste et président du Cercle des épargnants.

Alors que l’inflation s’établit en 5,2 % sur les douze derniers mois, la hausse paraît en effet légère, voire contreprod­uctive : « En épargnant sur le Livret A, même à 3 %, on perd de l’argent, explique Philippe Crevel. Techniquem­ent, cela reste plus rentable de dépenser son argent dès maintenant que de l’épargner. » Si vous voulez acheter un produit à

100 € et que vous placez cette somme sur votre Livret A durant un an pour épargner avant de l’acheter, vous aurez 103 € en douze mois… Sauf que, d’ici là, votre produit sera « en moyenne » passé à 105,20 €. Pourtant, le Livret A affiche une santé incroyable, 2022 ayant été la deuxième meilleure année de sa longue carrière. La collecte annuelle a atteint, selon les données de la Caisse des dépôts et consignati­ons, 27,23 milliards d’euros. Seule l’année 2012 avait fait mieux (28,16 milliards d’euros), marquée par le relèvement du plafond à 22 950 € et par la crise des dettes souveraine­s.

Un indémodabl­e par temps de crise

Le succès du Livret A s’explique simplement. À moins de claquer chaque mois tout votre salaire et de n’avoir aucun euro à épargner – ce qu’on ne vous souhaite ni vous conseille –, il reste plus rentable de placer son argent que de le laisser sur son compte courant. Oui, avec le Livret A, vous êtes perdant, mais vous perdez toujours moins qu’en ne faisant rien. « Face à l’inflation, il est indispensa­ble de ne plus laisser un euro de trop sur ses comptes courants. Rappelons qu’y stagnent plus de 550 milliards d’euros, qui ne sont pas rémunérés du tout ! », déclare Maxime Chipoy, président de MoneyVox, un guide Internet sur la finance personnell­e. Par ailleurs, les périodes de crises économique­s sont particuliè­rement propices à l’épargne, abonde Philippe Crevel.

Et pourquoi ce compte-là et pas un autre ? En temps d’incertitud­es, on aime les valeurs refuges, notamment ce bon vieux Livret, appuie l’économiste, et « la majorité des autres comptes d’épargne rapportent encore moins ». Seul autre épargne qui s’en tire à bon compte, le Livret d’épargne populaire (LEP), « dont le taux va être porté à 6,1 % et auquel plus de la moitié des Français pourraient prétendre. Un produit indispensa­ble pour eux, mais hélas trop méconnu et peu mis en avant par les banques », souffle Maxime Chipoy. Dernière possibilit­é, l’assurance-vie, dont les taux sont également revus à la hausse. Qu’il soit vraiment rentable ou non, par période de crise ou de bonne santé économique, le Livret A confirme donc, année après année, sa suprématie sur l’épargne. Et ce n’est pas en 2023 que cela risque de changer.

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A. Horvath / The Noun Project

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