20 Minutes (Lille)

MONEY JUNGLE, NOTRE FEUILLETON

- (à suivre)

David d’Equainvill­e (éditeur et auteur) et Pascal Henry (journalist­e d’investigat­ion et réalisateu­r) ont raconté, lors des trois premières saisons de « Money Jungle », une série librement inspirée de faits réels, les mésaventur­es de l’oligarque Oleg Chestov, collection­neur de chefs-d’oeuvre, prêt à tout pour préserver sa fortune, conquise dans des circonstan­ces non encore élucidées à ce jour. Affaibli par un cancer, il est obligé de jouer toutes sortes de double jeu, entre les Américains et les Russes, pour échapper aux conséquenc­es de la guerre en Ukraine, entre le Prince du Royaume et un puissant promoteur immobilier, pour obtenir un passeport saufcondui­t. L’étau ne cesse de se resserrer lentement.

Résumé de l’épisode 10 : L’agent spécial Peter Klimenko présente à la task force Kleptocapt­ure, chargée de la saisie des avoirs des oligarques, ses conclusion­s sur le rôle de Dimitri Popov dans l’équipe de Chestov. Il pointe également l’existence d’une possible taupe au sein de l’administra­tion américaine.

Alphabet City, you’re all right !

Le procureur adjoint de la task force écoutait les arguments de Klimenko sur Popov, le pion du Kremlin au service de Chestov, à la condition que

l’oligarque reste obéissant. Il avait beau connaître le gaillard du FBI, il ne pouvait s’empêcher de penser à l’affaire qui avait agité le Bureau et entamé le crédit de ses agents. Était-ce une des conséquenc­es du mandat de Trump et de ses liens avec la Russie ? Le fait est qu’un ancien agent spécial du FBI avait récemment été pris la main dans le sac, en train de vendre les moyens de l’agence à un oligarque, pourtant inscrit sur la liste des personnali­tés sous sanctions américaine­s. Dans les services de renseignem­ent, cela avait déclenché un mouvement de suspicion généralisé­e, presque une chasse aux sorcières. Lorsque la corruption atteint ce niveau de la hiérarchie, toutes les autres pommes du panier sont forcément sur la sellette, Klimenko inclus. Les agents de la task force pouvaient-ils lui faire confiance, se demandait le procureur adjoint ? « Avenue A, you’re all right », la première phrase du dicton d’Alphabet City, le quartier situé à côté de Little Ukraine, à New York, lui revint. C’était le quartier où Klimenko avait grandi. Ses parents s’étaient installés dans l’une de ces quatre avenues, les seules de la ville à être nommées par des lettres. Un quartier difficile à traverser à l’époque, d’où la dernière phrase du dicton : « Avenue D, you’re dead. » Mais Klimenko avait survécu. Et ce souvenir du procureur adjoint le disculpait. Un Américain d’origine ukrainienn­e corrompu par un oligarque? Impensable !

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