Le gouvernement dépassé par la droite
Les Républicains ne sont plus aussi enthousiastes qu’attendu sur le projet de réforme des retraites
Les yeux rivés sur la calculette, le gouvernement espère bien s’appuyer sur les députés Les Républicains (LR) pour faire adopter son projet de réforme des retraites sans recourir à l’article 49.3, mais l’affaire est loin d’être jouée. Après avoir topé avec Élisabeth Borne à la mi-janvier, la droite se montre désormais bien moins enthousiaste.
Le 12 janvier, le patron de la droite, Éric Ciotti, se félicitait d’avoir arraché des concessions, notamment sur la revalorisation des petites pensions. Mais il ne fallait pas s’emballer. « Peutêtre que certains se sont précipités, car le compte n’y est pas, prévient Julien Dive, député LR de l’Aisne. On n’est pas là pour signer un chèque en blanc au gouvernement. » Au sein du groupe LR, plusieurs voix ont pointé du doigt la prise en compte des carrières longues. Ces élus souhaitent que les salariés ayant commencé à travailler avant 21 ans puissent partir en retraite dès l’obtention des 43 annuités, sans aller jusqu’à 64 ans. « C’était le cheval de bataille d’Aurélien Pradié [le numéro 2 LR], on l’a ensuite tous intégré en déposant un amendement de groupe », dit Éric Pauget, député des Alpes-Maritimes. La plupart des 62 députés LR en font désormais un élément incontournable pour voter le texte. Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, s’y est montré plutôt opposé, rappelant le coût d’une telle mesure, estimé entre 1 et 3 milliards d’euros.
La majorité n’en peut plus d’attendre
« S’ils n’ont pas 40-50 voix de la droite, les carottes sont cuites pour le gouvernement, réplique Éric Pauget. Je pense qu’ils en sont conscients. » Le bras de fer entre les deux camps s’annonce tendu. D’autant que les macronistes commencent à s’agacer des atermoiements de la droite depuis plusieurs mois. « On ne peut pas voter un report de l’âge pendant
des années au Sénat, le défendre à la présidentielle, pour ensuite s’y opposer », tacle Pieyre-Alexandre Anglade, député Renaissance.
« Une partie de LR ne veut pas voter la réforme, car ils ont été élus en menant une campagne très dure contre le président lors des législatives », raille une députée Horizons, le parti d’Édouard Philippe. « Le gouvernement devrait se soucier des insatisfactions au sein de sa propre majorité », répond Julien Dive. Le groupe vit bien.