Mettre le Prince à l’amende
En ce début de soirée hivernale, la lumière des réverbères de la place de la Concorde se reflétait sur le sol humide. De la fenêtre du deuxième étage de l’ambassade des États-Unis, Jocelyn Petty, deuxième
secrétaire et chef de poste CIA, contemplait, d’un air songeur, ce spectacle. Il se retourna vers les trois agents qui étaient sous ses ordres. « Nous avons reçu le mémo de Kleptosecure, et les conclusions de l’agent spécial Peter Klimenko. Il est clair que nous devons agir et relayer l’action dans le cadre de la task force anti-oligarque. J’ai demandé à l’ambassadrice de faire passer le message au Prince. Nous, Américains, considérons que l’infiltration de son royaume par certains oligarques, en particulier, le premier d’entre eux, Oleg Chestov est néfaste à nos intérêts et participe même à l’effort de guerre russe. »
« Les autorités françaises jouent parfaitement le jeu, reprit le chef de poste de la CIA. Elles ont saisi ou gelé pour près de 24 milliards d’euros de biens, mais le Prince, lui, ne semble pas avoir bien compris le message, il va falloir le lui rappeler. À force de jouer au plus malin avec nous pour préserver son pactole de Russes établis dans le royaume, il va tomber sur un os. On va lui faire un coup dont il se souviendra. Il est déjà sous la surveillance des services anti-blanchiment européens. Les appartements de Chestov et de Popov pourraient être saisis, et les banques qui financent, mises à l’amende. Un petit coup de pouce de ce côté-là, discrètement. D’apparence, ce seront les Européens qui sanctionneront. J’ai mon idée pour le piéger. Voilà ce qu’on va faire... »