MONEY JUNGLE, NOTRE FEUILLETON
David d’Équainville (éditeur et auteur) et Pascal Henry (journaliste d’investigation et réalisateur) ont raconté, lors des trois premières saisons de « Money Jungle », une série librement inspirée de faits réels, les mésaventures de l’oligarque Oleg Chestov, collectionneur de chefs-d’oeuvre, prêt à tout pour préserver sa fortune, conquise dans des circonstances non encore élucidées à ce jour. Affaibli par un cancer, il est obligé de jouer toutes sortes de double jeu, entre les Américains et les Russes, pour échapper aux conséquences de la guerre en Ukraine, entre le Prince du Royaume et un puissant promoteur immobilier, pour obtenir un passeport saufconduit. L’étau ne cesse de se resserrer lentement.
Résumé de l’épisode 12 : Les facilités accordées par le Prince aux oligarques installés au Royaume, les aidant indirectement à échapper aux sanctions européennes, inquiètent les autorités américaines, qui ont décidé d’adresser au monarque un avertissement par l’entremise de leur ambassade parisienne. Chestov est visé.
Prolongation hivernale
Même au Royaume, où la vie était douce pour ses résidents, les premiers mois de l’année produisaient parfois des effets délétères sur l’humeur, comme à l’annonce d’un hiver prolongé. C’est ce que ressentait le Prince en lisant le message de l’ambassadrice des États-Unis en France, qui ne prédisait pas de sitôt l’arrivée du printemps. Malgré toute la diplomatie du câble, les Américains menaçaient de coincer Chestov. « Il faut gagner du temps », se dit le Prince. Sans Chestov pour financer le club de foot du Royaume, celui-ci risquait de perdre de sa superbe. Douze ans, déjà, que l’oligarque soutenait l’équipe aux couleurs du souverain, pour un coût annuel de 50 millions d’euros, et un total de plus de 600 millions d’investissement. C’était le prix d’un soft power efficace, capable de faire rayonner le Royaume à l’international, avec l’image du Prince dans les tribunes, levant les bras en signe de victoire au moment des buts.
Depuis la guerre en Ukraine, le souverain savait que les temps étaient compliqués pour les oligarques à la recherche de respectabilité. Chestov, qui n’en avait probablement plus pour longtemps, serait difficile à remplacer au pied levé. La communauté russophone de milliardaires installés au Royaume n’était pas inépuisable, les bailleurs de fonds à 50 millions annuels se faisaient rares. Et les Américains ne plaisantaient pas. En attendant les premiers bourgeons, le Prince irait faire de la diplomatie de salon, avec des sourires et un mot d’ordre : coopérer et lier les intérêts des autorités américaines à ceux des Français, qui étaient de son côté.